C’est le chantier le plus marquant du second mandat Appéré. La destruction du parking Vilaine et de ses 249 places en plein centre-ville de Rennes est le symbole de l’alliance de l’édile socialiste avec les Écologistes. Un chantier colossal à 29 millions d’euros qui permettra de redécouvrir la Vilaine sur 300 mètres d’ici 2028.

De quoi susciter l’inquiétude des commerçants, qui craignaient le pire avec la suppression de ces places de parking entre République et place de Bretagne. Trois mois après sa fermeture, le 1er septembre, le pire est-il bel et bien arrivé ? « J’ai fait un bon mois de septembre, pour l’instant je ne ressens pas d’impact, se rassure le gérant d’un magasin de sport à proximité du parking. J’ai une clientèle de Rennais, actifs, qui viennent pour le conseil. Pour eux, ce n’est pas gênant de venir à pied ou à vélo. »

« Ça joue sur la fréquentation du soir »

Pour d’autres, l’effet parking Vilaine se ferait déjà ressentir. « Il y a un impact important en termes de fréquentation, mais on se laisse encore un peu de temps avant de faire un bilan chiffré », explique Emmanuel Porteu de la Morandière, directeur général des Galeries Lafayette de Rennes, une des locomotives commerciales du centre-ville. Noël et les soldes d’hiver passées, il sera alors temps de faire les comptes.

La baisse de fréquentation, d’autres commerçants la sentent. Notamment dans la restauration. « Ça joue sur la fréquentation du soir, raconte Florent, chef de salle de la brasserie La Chope, située rue de la Chalotais. Certains soirs sont plus calmes qu’avant. On n’a pas une clientèle exclusivement de Rennais, alors beaucoup viennent en voiture ». Le restaurateur pointe aussi « des retards plus fréquents. Certains ont 30 minutes de retard et nous appellent pour nous signaler qu’ils ne viendront finalement pas car ils ne trouvent pas de place où se garer ».

« J’ai dû m’adapter, je propose de la livraison aujourd’hui »

Vendeur de matériel hi-fi à quelques pas des travaux, Olivier Perche fulmine aussi contre « le gros problème du stationnement. Certains de mes produits ne se trimballent pas en bus. Les clients viennent quand même, mais certains hésitent. J’ai dû m’adapter, je propose de la livraison aujourd’hui ». Céline, référente du magasin de décoration d’intérieur Kandella, encore rue de la Chalotais, doit aussi « trouver des solutions. On a un autre magasin à l’extérieur de Rennes, alors on envoie certains clients là car un gros lustre, on ne va pas le trimballer dans le métro. »

Pour d’autres, la baisse de fréquentation est liée au type de clientèle qu’ils attirent. « Mes clientes ne sont pas jeunes, elles ont besoin de se garer à proximité, alors on a clairement moins de gens à passer. C’est terrible », s’inquiète Anouk Thiam, vendeuse dans la boutique de prêt-à-porter Mat de Misaine, rue Chateaurenault. Même topo pour cette autre commerçante de vêtements de la rue de l’Horloge, qui a tenu à garder l’anonymat : « C’est une catastrophe. J’ai une clientèle d’un certain âge et qui vient de l’extérieur, de Caen, Mayenne, Granville, mais ils ne viennent plus. On sent qu’on n’a pas de prise sur ce qui se passe ».

« J’ai perdu la clientèle âgée »

Karine Martin, gérante de l’épicerie fine La Trotteuse depuis trois ans, toujours rue de l’Horloge, est, elle, « toujours en progression. Mais j’ai perdu la clientèle âgée. Certains clients m’avaient prévenu qu’une fois le parking fermé, ils ne viendraient plus. Et je ne les ai plus revus. J’ai aussi perdu les clients du samedi en fin de matinée. Beaucoup descendaient du marché des Lices et s’arrêtaient chez moi faire un complément avant de rejoindre le parking Vilaine. Depuis septembre, je ne les ai plus non plus, je n’ai que les Rennais qui viennent à pied. »

La Ville, elle, argue qu’elle « organise depuis fin 2024 des comités de suivi avec les commerçants. Ce comité se réunit régulièrement, afin d’assurer le maximum de fluidité dans la circulation de l’information pendant la phase opérationnelle du chantier. Les travaux se déroulent normalement et il n’y a pas d’alerte particulière. »