Les ministres de l’Intérieur des Vingt-Sept doivent se prononcer ce lundi sur un ensemble de mesures visant à accélérer les procédures de renvoi et à externaliser une partie du traitement des demandes d’asile.
Les capitales européennes s’orientent vers un renforcement substantiel de leur politique commune en matière d’immigration. Les propositions, examinées à Bruxelles, prévoient la création de centres d’éloignement en dehors du territoire de l’Union pour les personnes déboutées du droit d’asile. Ce dispositif, qualifié de « hubs de retour », constitue l’une des pierres angulaires de ce nouveau cadre.
Le projet inclut également un allongement des délais de rétention administrative pour les personnes faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire, ainsi que la possibilité de procéder à des renvois vers des pays tiers considérés comme sûrs, même s’ils ne sont pas le pays d’origine du migrant. Ces orientations bénéficient d’un large soutien politique, portées par une coalition au Parlement européen et par la présidence danoise du Conseil, qui en a fait une priorité.
Malgré une baisse récente des entrées irrégulières, la pression politique pour une action ferme demeure élevée. Un commissaire européen a récemment insisté sur la nécessité de rassurer l’opinion publique quant à la maîtrise des flux migratoires. Toutefois, ces initiatives suscitent de vives critiques de la part d’organisations non gouvernementales et de certains partis politiques, qui y voient une remise en cause des engagements en matière de protection des droits fondamentaux.
Parmi les États membres, des réserves persistent. La France s’interroge sur la conformité juridique et l’efficacité opérationnelle de certains mécanismes, tandis que l’Espagne émet des doutes sur la pertinence des centres externalisés, évoquant des expériences passées aux résultats mitigés.
Parallèlement, les discussions se poursuivent sur un autre dossier épineux, celui de la répartition des demandeurs d’asile au sein de l’Union. Le principe d’une solidarité obligatoire, obligeant chaque État soit à accueillir un quota de personnes, soit à verser une contribution financière compensatoire, peine à trouver un consensus. Plusieurs gouvernements ont d’ores et déjà indiqué leur refus de participer à un tel système de relocalisation, illustrant les profondes divisions sur cette question. Une décision finale est néanmoins attendue avant la fin de l’année.