Ce 8 décembre 2025, Kamini fête ses 46 ans. En 2007, c’est lui qui chantait ce refrain inoubliable : « J’viens pas d’la cité, mais le beat est bon J’viens pas d’Panam, mais d’Marly Gaumont ». La chanson « Marly-Gomont » est devenue virale avant même que le mot buzz ne soit utilisé dans le langage courant.
Il faut dire qu’avec son clip tourné entre copains, son humour décalé et son regard tendre sur la vie rurale, Kamini avait créé un phénomène inédit. Et il s’agit là d’un des premiers véritables cartons nés sur Internet en France.
Tout a commencé en septembre 2006. Kamini, alors infirmier psychiatrique, envoie à quelques majors de la musique une vidéo bricolée avec des amis.
Le phénomène « Marly-Gomont »
Le clip raconte, avec une autodérision totale, l’ennui des jeunes dans la campagne picarde. Mais aussi la difficulté d’être, comme il le dit lui-même, issu de « la seule famille de Noirs » du village de Marly-Gomont. Refusé par les labels, le titre commence pourtant à circuler en interne… avant d’exploser sur Internet. En quelques jours, il devient un phénomène viral relayé par les radios (Fun Radio, Skyrock, Ado FM) et par les chaînes de télévision.
L’emballement médiatique est fulgurant. Jacques Legros l’invite au journal télévisé de TF1, M6 lui ouvre son plateau dans Paris Croisière, et le magazine Time le classe parmi les quinze personnalités « nées sur le web » de l’année. Kamini avouera plus tard s’être senti dépassé : « Tu ne t’attends pas à recevoir une Victoire de la musique deux mois après, ni à être le roi des ventes pendant trois mois ».
En mars 2007, il remporte la Victoire du clip de l’année. Trois mois plus tard, Marly-Gomont est certifié disque de platine. Le morceau s’écoule à plus de 380 000 exemplaires, un score exceptionnel pour un artiste inconnu issu du milieu rural. Dans la foulée, Kamini publie J’suis blanc, titre satirique sur les questions raciales, avant de sortir son premier album Psychostar World. Le disque est certifié or en un mois, propulsé par des singles humoristiques et la curiosité du public.
En 2009, il revient avec Extraterrien, son deuxième album, mais le succès massif du début ne se répète pas. Des tensions avec sa maison de disque l’éloignent progressivement de l’industrie musicale, sans pour autant entamer sa créativité.
Que devient Kamini aujourd’hui ?
Contrairement à d’autres artistes qui n’ont fait qu’un tube, Kamini ne s’est jamais retiré. Il a simplement déplacé son énergie vers d’autres formes d’expression, révélant une personnalité aux multiples facettes.
Dès 2013, il présente son premier one-man-show, Il faut que je vous explique, un spectacle qu’il joue en France, en Suisse et en Belgique. Il participe à plusieurs festivals d’humour prestigieux (Montreux, Strasbourg, Rochefort) et assure des premières parties, notamment celle de Jarry. Avec son « Petit patelin tour Stand up », il sillonne encore régulièrement les scènes francophones.
Au cinéma, Kamini coécrit en 2016 Bienvenue à Marly-Gomont, film inspiré de l’histoire de son père, médecin congolais arrivé dans un village picard. Le long-métrage rencontre un beau succès, avec plus de 700 000 entrées et d’excellentes audiences lors de ses diffusions télé. L’artiste travaille désormais sur une adaptation en série, tout en développant de nouveaux projets d’écriture.
Un visage familier de la télévision
Depuis 2017, Kamini est l’animateur de Les Gens des Hauts sur France 3 Hauts-de-France, une émission qui met en lumière les territoires et les habitants du Nord. Le programme, chaleureux et accessible, a trouvé son public et reste reconduit saison après saison. L’artiste participe également à la Dictée nationale et à Tous prêts pour la dictée, deux formats éducatifs diffusés sur France 2.
Plus récemment, il a aussi fait une apparition dans Un si grand soleil en incarnant Wilson Samba, un trafiquant de diamants, preuve supplémentaire de sa polyvalence artistique.
Retour à la musique
En 2020, Kamini publie Troisième acte, un album introspectif dans lequel il aborde la ruralité, la psychologie humaine et les contradictions du monde moderne. On y retrouve des titres comme Eul’Vraie France, Le Bonheur ou J’avais envie de le dire. Il continue d’alimenter sa chaîne YouTube, suivie par plus de 100 000 abonnés, et prépare régulièrement de nouveaux clips.
S’il n’a jamais renoué avec un tube aussi massif que Marly-Gomont, Kamini a construit une trajectoire singulière, loin des codes du rap traditionnel, fidèle à son humour et à ses racines. Une carrière qui a de quoi inspirer.
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