Un comité des Nations unies a appelé lundi le Royaume-Uni et Maurice à ne pas ratifier un accord visant à régler l’avenir des îles Chagos dans l’océan Indien, estimant qu’il risquait de perpétuer les violations de longue date des droits des Chagossiens.
L’accord, conclu en mai après des années de négociations, prévoit le transfert de la souveraineté des îles à Maurice, tout en permettant au Royaume-Uni de conserver le contrôle de la base aérienne américano-britannique stratégiquement importante sur la plus grande île, Diego Garcia, via un bail de longue durée.
Jusqu’à 2 000 Chagossiens ont été expulsés de force de l’archipel dans les années 1960 et 1970. Beaucoup ont trouvé refuge au Royaume-Uni, et certains ont revendiqué le droit de retourner sur leurs terres d’origine.
Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unies, réuni ce mois-ci à Genève, s’est dit préoccupé par le fait que l’accord « empêche explicitement le retour du peuple chagossien sur ses terres ancestrales de l’île Diego Garcia ».
Le comité a également exprimé son inquiétude quant au fait que l’accord ne reconnaît pas formellement les injustices passées, n’offre pas de réparation complète pour les préjudices subis, et ne garantit pas la préservation du patrimoine culturel distinct des îles.
Le Royaume-Uni et Maurice, ainsi qu’environ 180 autres États, sont parties à la Convention de 1965 sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, juridiquement contraignante et placée sous la supervision du comité onusien. Leurs missions diplomatiques à Genève n’ont pas réagi immédiatement à une demande de commentaire.
La Cour internationale de Justice avait exhorté Londres en 2019 à restituer les îles à Maurice. Depuis, le Royaume-Uni a reconnu que l’expulsion des Chagossiens était « profondément injuste et regrettable ».
La décision du comité a été rendue dans le cadre de son système d’alerte précoce, qui examine les questions urgentes afin de limiter les violations des traités et d’empêcher qu’elles ne dégénèrent en conflits.
Le comité exhorte les parties à « poursuivre leur coopération afin de mettre fin aux préjudices subis par le peuple chagossien et aux violations de ses droits ».