Affaire classée, sous condition d’accomplir un stage de responsabilité parentale à ses frais. C’est la décision prise par le parquet de Meaux (Seine-et-Marne) à l’issue du déferrement -ce lundi 8 décembre- de la mère de famille interpellée samedi en début de soirée dans le TGV Lille-Nîmes pour avoir frappé son fils âgé de six ans.

Originaire de Polynésie française et domiciliée à Nîmes (Gard), cette femme de 42 ans avait été placée en garde à vue pour violences sur mineur de 15 ans par ascendant. En cause : son comportement dans le train. Selon plusieurs témoins, elle avait violemment sanctionné son fiston alors qu’il venait de renverser une canette de soda sur une passagère.

« Elle l’aurait saisi par les cheveux pour le remonter sur son siège avant de lui claquer la tête contre la tablette à trois reprises », précise le procureur du tribunal judiciaire de Meaux, Jean-Baptiste Bladier, dans un communiqué. La scène a sorti de leur torpeur les voyageurs souvent bercés dans le TGV.

Choqués, des témoins ont aussitôt contacté le 31 17 (ou 31 117 par SMS). Un numéro qui permet aux passagers de la SNCF et de la RATP de signaler les violences dans les transports en commun. Aussitôt les agents de la sûreté ferroviaire (ou Suge) ont interpellé la dame à l’arrêt du train à la gare de Marne-la-Vallée-Chessy (Seine-et-Marne).

Les enquêteurs du commissariat de Lagny-sur-Marne ont vérifié si cette femme était coutumière du fait, si elle avait déjà été épinglée pour ce type de châtiment violent. Ce n’est pas le cas. Son casier judiciaire est vierge.

A-t-elle eu la main trop lourde comme l’ont affirmé les témoins ? Face aux enquêteurs, elle a reconnu « s’être énervée en raison du comportement de son fils et lui avoir administré une claque derrière la tête, ainsi que l’avoir empoigné », indique le procureur de Meaux. Mais les investigations « n’ont pas permis de confirmer de manière certaine les violences les plus graves, et notamment le fait que la mise en cause aurait volontairement cogné ou claqué la tête de l’enfant contre une tablette » selon le magistrat.

Une ordonnance de placement provisoire délivrée pour l’enfant

Selon son avocate commise d’office, Me Sophia Rizk, la mère de famille « regrette énormément » ce qui s’est passé. « En garde à vue, elle paraissait très affectée. Elle disait sans arrêt je veux m’excuser auprès de mon fils ». L’avocate décrit une femme « en détresse psychologique et sociale, qui élève seule son fils », et qui rentrait « épuisée » d’un week-end écourté à Lille.

« Elle y est arrivée vendredi soir pour rencontrer une personne qui n’est pas venue. Sans emploi, elle a passé la nuit devant une église de Lille à couvrir son enfant pour le protéger du froid. Elle n’a pas dormi et s’est débrouillée pour rentrer en TGV samedi au lieu de dimanche comme c’était prévu ».

À la suite du manque de sommeil, les nerfs ont repris le dessus. « Le petit était infernal dans le train… Sa mère admet lui avoir donné une claque derrière la tête et l’avoir tiré par ses vêtements pour qu’il se rasseye, mais elle nie formellement lui avoir tapé la tête sur la tablette », insiste Me Rizk.

Cette mère effectuera son stage de responsabilité parentale dans le ressort du tribunal judiciaire de Nîmes où elle réside. L’enfant orphelin de père et accueilli dès samedi soir par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du département de Seine-et-Marne dans le cadre d’un accueil dit « de 72 heures », fait l’objet d’une ordonnance de placement provisoire délivrée par le parquet de Meaux. Celui-ci se dessaisit au profit de celui de Nîmes.

L’affaire avait beaucoup ému, jusqu’à la haute-commissaire à l’Enfance. Sarah El Haïry s’est félicitée sur X qu’« à bord d’un TGV, des passagers ont refusé de détourner le regard. Grâce à leur alerte, un enfant victime de violences a pu être mis à l’abri ». Elle a salué l’intervention des passagers, qualifiée de « réflexe protecteur à avoir ».