Même si ce n’est pas sa vocation première, c’est un nouveau parc public qui s’offre désormais aux Marseillais. En contrebas de l’A50 puis, plus loin, de la ligne ferroviaire entre Marseille et Aubagne, le parcours des berges de l’Huveaune a été inauguré ce lundi 8 décembre à La Pomme (11e). Un cadeau de Noël avant l’heure offert par l’Epage Huca, un nom barbare pour désigner l’établissement public chargé de prévenir les inondations de l’Huveaune et des cours d’eau de la région marseillaise.

Sur ce site auquel on accède désormais depuis l’avenue du Dr Heckel, fini l’endiguement en dur, apanage de l’aménagement des berges tout au long du XXe siècle. Les travaux ont d’abord visé à élargir le lit du fleuve et à agrandir sa zone d’épanchement naturelle en cas de crue : le bassin est capable d’encaisser un débit de 155 m³/s, contre 1 m³/s habituellement. « On a dû retirer 65 000 m³ de remblais sur 8 mètres de haut », illustre Estelle Fleury, directrice de l’Epage Huca. Des travaux de terrassement dantesques entamés il y a plus de trois ans, avec leur lot d’aléas : les terres étaient parfois chargées en déchets pollués à l’amiante et aux métaux lourds, déversés pendant des années par des entreprises peu scrupuleuses.

« Il y a un enjeu particulier dans les milieux urbains, parce que ces espaces ont souvent été des impensés ou considérés comme des contraintes », juge Nicolas Mourlon, directeur de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Un cas d’école à La Pomme, où le parc est coincé entre l’A50 et ses milliers de véhicules quotidiens et le talus de la voie ferrée qui relie Marseille à Aubagne.

Dans l’eau, au pied du pont ferroviaire, un aménagement attire le regard : des dizaines de potelets blancs d’une cinquantaine de centimètres de haut plantés sur une pente douce dans le lit du fleuve. « On pourrait croire que ce sont des colonnes de Buren ! », s’amuse Laurent Simon, président de l’Epage Huca et maire (LR) de Plan-de-Cuques. En réalité, il s’agit de maintenir le lit de l’Huveaune en freinant le débit pour limiter l’érosion. D’une pierre deux coups, c’est aussi une passe à poissons, pour leur permettre de remonter le courant.

Sur la partie nord du nouveau parc, une cabane d'observation surplombe le vaste bassin aménagé pour recueillir l'expansion de l'Huveaune en cas de crue.Sur la partie nord du nouveau parc, une cabane d’observation surplombe le vaste bassin aménagé pour recueillir l’expansion de l’Huveaune en cas de crue. / PHOTO FRANCK PENNANT

C’est l’autre objectif de ces travaux : la renaturation des deux berges de l’Huveaune, sur un linéaire d’un kilomètre. Sur la partie Nord, une cabane d’observation sur pilotis s’avance en surplomb du lit, où des pas japonais ont été posés pour rejoindre le boulevard de la Pomme lorsque le débit est très faible. « On peut voir des hérons, des canards, peut-être un jour des anguilles », espère Laurent Simon. Près de 6 000 arbres et arbustes ont été plantés sur 18 000 m².

Ce chantier d’un montant de près de 8 millions d’euros TTC a été financé à parts égales (30% chacun) par la Métropole, l’Agence de l’eau et l’État via le fonds Barnier, ainsi que le Département, la Région et la SNCF. La Ville de Marseille a également cédé des terrains pour réaménager les jardins ouvriers Coder au sud, au pied de l’A50. D’où la satisfaction unanime des élus présents, de Sylvain Souvestre, maire (LR) des 11e-12e, à Christine Juste, adjointe (EELV) au maire de Marseille à l’environnement, qui notait : « On a la possibilité de redonner l’Huveaune aux Marseillais pour qu’ils se le réapproprient et le protègent. »

Ce projet a été mené par l'Epage Huca en lien avec la Métropole.Ce projet a été mené par l’Epage Huca en lien avec la Métropole. / PHOTO FRANCK PENNANT

Reste à préserver ce nouvel écrin, qui sera co-géré par l’Epage Huca – pour la partie rivière – et la Métropole – pour les cheminements. Avec une difficulté principale, « les déchets abandonnés », pointe Didier Réault (LR), vice-président de la Métropole à la gestion des milieux aquatiques et à la prévention des inondations (Gemapi), apportés jusqu’à l’Huveaune par les eaux de ruissellement. En la matière aussi, toutes les bonnes volontés sont attendues…