Bienvenue… en enfer. Dans le déluge d’Édimbourg, Toulon lance sa campagne européenne par une défaite à zéro point. L’ultime ballon expédié par Ben Vellacott dans les tribunes du Hive Stadium permet à l’enceinte de définitivement exploser. Mais, même avant cette délivrance, l’écart était déjà creusé et la défaite, quant à elle, officiellement entérinée cinq minutes plus tôt, avec l’essai de Boan Venter (75e). Le quatrième de la soirée encaissé par la bande à Mignoni, laissant même, dans son malheur, le point de bonus offensif à son adversaire.

Largement dans la partie en première période, Toulon a fini par s’écrouler au retour des vestiaires, sans vraiment comprendre pourquoi. Un mal bien trop récurrent pour cette équipe qui enchaîne un cinquième revers consécutif à l’extérieur. « Quand tu perds le territoire, tu ne peux pas gagner, débriefait à chaud Pierre Mignoni. Et sur ce match, notre jeu au pied a été moins bon que le leur. C’est la réalité. »

Entame canon… et extinction des feux

Pourtant, ce coup-ci, Toulon a démarré tambour battant. Un drop d’entrée de Melvyn Jaminet (2e), puis un essai d’un Ben White (7e, 0-10) en feu pour son retour au pays (lire en page suivante) et on imagine logiquement les coéquipiers de David Ribbans lancés vers un premier match plein dans cette Champions Cup. « Je me suis vraiment dit “Là, on y est”. Je nous trouvais consistants et précis, poursuit Pierre Mignoni. Comme si on n’avait pas trop de doute et qu’on appliquait ce qu’on savait faire. » Sauf, que. Une fois de plus, ses hommes sont sur courant alternatif.

Dominateurs devant sur ce premier acte, ils préfèrent tenter d’écarter. Et dans ces conditions, forcément, ça ne paye pas vraiment. Paolo Garbisi, pas en réussite dans son occupation au pied, peine à décaler ses partenaires dans le jeu courant. De quoi faire râler quand, dans le même temps, son équipe prend le dessus sur son adversaire dès qu’elle parvient à enchaîner au près. Visuellement supérieure à Édimbourg et malgré le doublé de « Whity » (21e), Toulon craque par deux fois sous les coups de butoir de l’ogre Pierre Schoeman (14e) et du malicieux Ben Vellacott (29e).

Toulon ne répond plus

Mais honnêtement, même mené d’un point à la pause (18-17), là encore, on imagine mal ce RCT s’enfoncer dans le bourbier écossais. Force est de constater qu’il y allait tout droit. L’indigeste seconde période en est la preuve. La faute, en grande partie, à cette incapacité à occuper le territoire adverse. Pierre Mignoni détaille : « D’un coup, on s’est déréglé. Un, deux, trois mauvais jeux au pied consécutifs et tu perds le territoire. On avait un plan clair mais, sincèrement, nous n’avons pas assez réussi à le mettre en place pour gagner ici. »

Face à un Toulon indiscipliné (dix pénalités au total), moins précis et connecté, le rapport de force s’inverse. Et les Rouge et Noir finissent même par perdre leurs nerfs. Le symbole ? David Ribbans, d’habitude si placide, craque (57e). Au sol, le capitaine écrase la tête de son vis-à-vis dans le synthétique du Hive Stadium. Carton jaune… et fin du bal, au passage.

En infériorité numérique, son équipe encaissera un essai de pénalité (61e, 28-20), la sortant du bonus défensif… avant l’ultime charge de Boan Venter à cinq minutes du terme, la décrochant définitivement. Balayé 15 à 3 sur la seconde période, Toulon n’aura jamais réussi à relever la tête. Dur, très dur, pour une première sortie européenne.