Deux jours avant une réunion à l’Élysée sur le narcotrafic et une semaine jour pour jour avant la visite annoncée du président de la République à Marseille, 1500 gendarmes et policiers ont été mobilisés de manière simultanée sur 15 points de deal de la cité phocéenne.
Près d’un mois après le meurtre de Mehdi Kessaci qui a plongé Marseille sous le choc, et une semaine jour pour jour avant la visite d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne, l’État a décidé d’employer les gros moyens contre le trafic de drogue qui gangrène la cité phocéenne. Ce mardi, en fin de matinée, sur ordre du ministre de l’Intérieur, le fraîchement nommé préfet de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Jacques Witkowski, a organisé une «opération d’ampleur» de lutte contre le narcotrafic dans quinze points de deal de Marseille, de manière simultanée.
Lors de cette opération, qui n’est pas sans rappeler les autres opérations d’envergure dites «Place nette » ou «Place XXL » déjà menées à Marseille ces dernières années, 1500 policiers et gendarmes, dont certains venus en renfort de toute la France, ont été mobilisés pour s’attaquer à «la partie visible des trafics», selon un communiqué de la préfecture.
Les forces de l’ordre se sont ainsi concentrées sur les guetteurs, les vendeurs, les nourrices, mais aussi les consommateurs, «et en complément de la stratégie judiciaire, moins visible sur le terrain mais offensive, visant à démanteler en profondeur les organisations criminelles». «D’habitude, c’est tous les jours, 250 à 350 fonctionnaires de la police nationale qui sont engagés sur des opérations de pilonnage», a expliqué le préfet, qui faisait là par ailleurs sa première sortie médiatique depuis sa nomination le 19 novembre. Sept équipes cynophiles ont été également mobilisées, ainsi que cinq unités de captation d’images.
Démonstration de force de l’État
Ces opérations se sont déroulées partout dans la ville, y compris dans les quartiers nord de la ville, comme aux Oliviers A où le préfet avait donné rendez-vous à la presse devant un très important dispositif de sécurité. Dans cette cité, plusieurs personnes ont été interpellées et des perquisitions ont eu lieu. «Cette opération permet, à grande échelle, de pilonner les points de deal, interpeller les trafiquants, les vendeurs et contrôler les consommateurs, saisir stupéfiants, argent et armes, enlever les encombrants et stigmates du trafic, empêcher les consommateurs d’accéder aux lieux de la transaction et aux stupéfiants partout à Marseille», liste la préfecture. Une vingtaine de commerces a également ciblé «afin de s’assurer que tout y est en règle et qu’ils ne servent pas l’économie du trafic».
Devant les journalistes, l’air amusé, Jacques Witkowski a notamment partagé à la presse la récente découverte des forces de l’ordre aux Oliviers A, dans le hall d’un immeuble : une pancarte installée par le réseau de trafic de stupéfiants indiquant que «Les Oliviers A fêtent Noël.» Sur cette pancarte, le réseau promet «des pochons de shit cadeau», ainsi que des «chips, boissons, bonbons» à ses clients. «Venez comme vous êtes», indique également l’affiche.
«L’État n’abandonne pas ses concitoyens, a clamé Jacques Witkowski. Le gouvernement, le préfet, les forces de police et de gendarmeries, les pompiers sont engagés ici dans des conditions parfois difficiles. Mais c’est une action de longue haleine, déterminée, que nous conduirons à son terme. Nous ne souhaitons pas laisser les narcotrafiquants tenir le terrain».
Nouvelle réunion à l’Élysée
L’opération était prévue pour durer seulement la journée. Aux Oliviers A, les quelques badauds qui passaient entre les barres d’immeubles ont observé la scène avec amertume. « Ça ne sert à rien tout ça, a ainsi lancé Karim devant des forces de l’ordre qui escortaient un homme tout juste interpellé. Même Emmanuel Macron est déjà venu ici. Et ça a changé quoi ? Rien.» En début d’après-midi, 20 personnes avaient été interpellées.
Jeudi, Emmanuel Macron réunira de nouveau à l’Élysée les acteurs de la lutte contre les trafics de drogue, dans le même format qu’une première réunion le 18 novembre. Lors de cette dernière, convoquée en urgence après la mort de Mehdi Kessaci, il leur avait demandé «d’amplifier» leur action en adoptant la même approche que pour «le terrorisme». Le préfet des Bouches-du-Rhône fera partie des personnes présentes à cette réunion.