Après des mois d’atermoiements, on croyait les Jeux de Paris 2030 enfin lancés à l’automne, avec l’adoption d’un budget pluriannuel à 2,1 milliards d’euros et, très récemment, le satisfecit accordé par le CIO lors de sa première visite en terres alpines.

Il faut pourtant croire qu’en coulisses, c’est autre chose. Le comité d’organisation, le Cojop, a fait part ce mardi 9 décembre de la démission d’Anne Murac, sa directrice des opérations, cinq mois seulement après son arrivée. Anne Murac faisait déjà partie de l’organigramme des Jeux de Paris 2024 en tant que responsable du «cluster» d’Ile-de-France.

Sa nomination comme directrice des opérations au sein du Cojop 2030 avait été annoncée en juillet. Elle supervisait notamment la «carte des sites» – attribuant les compétitions des différentes disciplines à chacun des quatre grands pôles, Savoie, Haute-Savoie, Nice et Briançonnais- qui n’a pas encore été arrêtée.

Carte dont la finalisation a déjà été annoncée plusieurs fois ces derniers mois. En début d’année, les organisateurs avaient dit que la version définitive devait être avalisée à l’été au plus tard. Or plusieurs inconnues demeurent pour la future répartition des sites : la réintégration définitive de Val-d’Isère dans le projet pour accueillir les épreuves techniques de ski alpin ; la localisation des Jeux paralympiques ; celle – en Italie ou aux Pays-Bas – de l’anneau de vitesse, sans oublier le choix des sports additionnels (trail, escalade sur glace, gravel, etc.) qui intégreront la programmation.

Les raisons de ce départ ne sont pas communiquées. Mais le Parisien évoque «de graves désaccords au sein de la gouvernance», nés de tensions autour des sites de Val-d’Isère et de Nice et surtout de la désignation des quatre responsables des clusters (Savoie, Haute-Savoie, Nice et Briançon). Anne Murac «n’aurait pas eu vraiment son mot à dire, les quatre directeurs ayant été choisis par les responsables politiques omniprésents dans le dossier, et validés par Edgar Grospiron», le président du Cojop. RMC Sport fait par ailleurs état d’un décalage entre son expérience au sein de Paris 2024 et la réalité du terrain de la montagne, qui ne lui permettait pas de calquer ses méthodes qui fonctionnaient en Ile-de-France.

Le Cojop dit «respecter» la décision et «salue le travail accompli» par Anne Murac, qui a «activement contribué à la mise en place des premiers jalons clés pour la planification, la coordination sur le terrain et la préparation des futurs sites». «Un processus de recrutement sera lancé dans les meilleurs délais» pour la remplacer, est-il précisé.

Ce départ s’ajoute à d’autres problèmes auxquels les organisateurs des JO 2030 font face : la semaine dernière, le conseil départemental de Savoie a annoncé «suspendre jusqu’à nouvel ordre sa participation» aux réunions de préparation des JO 2030, refusant notamment d’être «une variable d’ajustement budgétaire». Hervé Gaymard, président du conseil départemental, a également déploré que la Savoie n’ait «pas été consultée […] sur la carte des sites, dont la première mouture officielle n’est pas satisfaisante».

Des procédures sont également en cours pour dénoncer l’absence «de participation du public au processus décisionnel» – avant la candidature comme depuis l’attribution des Jeux – devant un organisme onusien à Genève ainsi que devant plusieurs tribunaux administratifs français. Elles émanent du collectif citoyen «JOP 2030» et d’autres organisations.