Ce week-end, au cœur de la fête des Lumières de Lyon, des slogans contre l’extrême-droite, la militarisation, et les violences policières ont soudainement fait irruption, projetés sur des illuminations. Avec cette action, revendiquée par les Soulèvements de la Terre, on a ainsi pu lire « Sainte Soline, ni oubli, ni pardon », « on dégage le RN » ou encore « Non à l’Etat policier », et « la police blesse et tue » au milieu de cette fête, vitrine commerciale pour la mairie de Lyon.

Depuis 25 ans, cet événement emblématique de Lyon réunit en effet des milliers voire des millions de visiteurs et visiteuses comme cette année. Cette action réalisée malgré un dispositif policier omniprésent, arrive un mois après la publication par Mediapart des vidéos montrant la violente répression policière de la manifestation contre les méga-bassines de mars 2023 à Sainte-Soline, à l’appel notamment des Soulèvements de la Terre.

L’action a immédiatement suscité une polémique, les politiciens locaux s’offusquant des slogans rappelant la réalité des violences policières. À cet égard, Grégory Doucet, le maire de Lyon a dénoncé des « propos violents envers les forces de police qui participent à la sécurité des Lyonnais et des visiteurs pour la Fête des Lumières » quand le candidat de la droite et de la macronie aux municipales, Jean-Michel Aulas a ridiculement dramatisé la situation, déclarant qu’il s’agit de « propos insupportables contre la police », « une atteinte grave à nos institutions et un message dangereux qui salit celles et ceux qui protègent les Lyonnais chaque jour ». Des réactions qui rappellent que, si les deux politiciens surjouent leurs différences dans le cadre des élections, ils sont bien alignés sur la défense de l’appareil répressif.

Les Soulèvements de la Terre ont aussi projeté des slogans anti-militaristes comme « no to war, no to fascism » (« non à la guerre, non au fascime »), particulièrement importants dans une période où l’extrême-droite monte tandis que le gouvernement veut préparer les esprits à l’effort de guerre. En effet, Macron vient d’annoncer l’instauration d’un service militaire volontaire de 10 mois, qui commencera à l’été 2026. et la loi de programmation militaire prévoit une hausse de 40% du budget de la défense par rapport à la période 2019-2025. Face au soutien unanime de la militarisation dans la classe politique, cette action était donc plus qu’importante.

Dans le même sens, des slogans projetés comme « Dimanche, on annule le meeting du RN » faisaient directement allusion au lancement de campagne de la candidate d’extrême-droite Tiffany Joncour, en lice pour la Métropole de Lyon, qui faisait son premier meeting dimanche aux côtés de Julien Odoul. Tiffany Joncour entretient des liens étroits avec le groupuscule d’extrême droite identitaire Remparts : en juillet 2024, StreetPress révélait que des membres de Remparts avaient collé des affiches pour sa campagne dans la 13e circonscription du Rhône. Ce meeting, organisé ce dimanche aux Terrasses du Parc à Villeurbanne, a été accueilli par une forte contestation : malgré l’interdiction par la préfecture du Rhône près de 400 personnes se sont rassemblées devant le lieu pour empêcher sa tenue et signifier leur refus de la présence du RN dans la Métropole lyonnaise. Alors que l’extrême-droite tente de s’implanter définitivement à Lyon comme ailleurs, cette action nous rappelle qu’il faut lutter dans la rue et par la mobilisation contre leurs idées réactionnaires !