La CGT tire la sonnette d’alarme sur l’industrie. La Confédération générale du travail a publié ce mardi sa liste noire des plans sociaux. Elle compte ainsi, à ce jour, 483 plans de licenciements. Un nombre qui serait même « sous-estimé », selon elle.
Pourtant, la confédération a multiplié les alertes sur la situation de l’industrie française depuis mai 2024, a-t-elle rappelé lors d’une conférence de presse ce mardi. Elle avait alors remis sa toute première liste noire au Premier ministre de l’époque, Gabriel Attal, qui comptait à ce moment 130 plans. Le décompte s’est accéléré : 180 en septembre 2024, 250 en janvier 2025 et 400 en septembre.
Note : un peu plus d’une vingtaine de sites ne sont pas renseignés par manque d’information.
« Aucune mesure n’a été prise par les quatre Premiers ministres qui se sont succédé », a dénoncé Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT. « Les seules bonnes nouvelles ont été arrachées grâce à la lutte de la CGT », complète-t-elle en citant les plans sociaux évités chez Duralex, Auchan, Lubrizol ou encore Thales. « Les salariés se mobilisent mais n’ont pas de soutien », argue-t-elle.
Une politique de l’offre remise en cause
Toujours selon la CGT, les fermetures sont désormais numériquement plus importantes que les ouvertures de sites industriels. Et tous les secteurs sont concernés par cette saignée, en particulier la métallurgie, l’agroalimentaire, le textile, le verre ou encore le papier.
D’après Sophie Binet, le coupable est à chercher du côté de la politique industrielle du gouvernement, qui consiste surtout en une « politique de l’offre avec la stratégie du chèque en blanc », dénonce-t-elle. De quoi contribuer à une « explosion de la dette ». D’après un rapport de la Cour des comptes de l’année dernière, le montant moyen des transferts financiers aux entreprises du secteur industriel a atteint 21,7 milliards d’euros entre 2012 et 2019 et 34,8 milliards d’euros entre 2020 et 2022, avec des plans qui « ont pour la plupart un bilan peu concluant ».
Pour la secrétaire générale, les taux de marges des grandes entreprises sont « historiquement élevés » et servent surtout à « augmenter la rémunération des actionnaires ». « Il n’a jamais été aussi facile de licencier en France alors que les multinationales vont, elles, très bien », estime-t-elle, en prenant l’exemple du géant Nokia qui aurait réalisé un plan social tous les 18 mois.
Des mesures proposées
Dans ce contexte, Sophie Binet appelle le gouvernement et le Premier ministre à organiser des « assises de l’industrie », déclinées en territoires, et qui doivent « déboucher sur une loi de programmation pluriannuelle pour notre industrie ».
La secrétaire générale demande ainsi cinq mesures d’urgence : un moratoire sur les licenciements et le renforcement de la loi Florange (loi qui oblige un employeur à mettre en place des actions pour rechercher un repreneur avant de fermer un site, NDLR), la mise en place d’un dispositif national et territorial de gestion de la crise industrielle, une véritable utilisation de tous les leviers publics pour empêcher les plans sociaux, la garantie du remboursement des aides publiques des entreprises qui sont en bénéfice et qui licencient et enfin une réforme des tribunaux de commerce.
Plus largement, la CGT propose cinq autres mesures, davantage structurelles, qui vont d’un plus grand pouvoir d’intervention stratégique des travailleurs, au maintien du contrat de travail pendant les transitions professionnelles, en passant par des clauses priorisant le local et le national sur les commandes des entreprises. « Des mesures à prendre sans attendre car, malheureusement, cela fait 18 mois qu’on alerte dans le désert », conclut-elle. La CGT a, enfin, annoncé qu’elle organisait en mars prochain, sur le site de Duralex, des Rencontres du made in France.