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Faut-il rendre gratuits les transports en commun pour les jeunes ? La campagne des municipales relance cette controverse régulière entre la droite et la gauche. Le bras de fer sur ce thème ne fait que commencer.

« La jeunesse doit être la clé de cette élection », martèle depuis des mois déjà le candidat Insoumis aux municipales de Toulouse, François Piquemal. De nouveaux tickets de métro sont ainsi apparus aux abords du réseau Tisséo, distribués ces derniers jours par les militants. Ces faux tickets et vraies imitations sont un support de campagne pour dire à tous les Toulousains, et surtout aux jeunes, que le candidat LFI rendra les transports gratuits pour les moins de 26 ans.

Sur Instagram, la vidéo, où l’on voit François Piquemal monter les escaliers de la station Capitole avec un de ces tickets, a fait un tabac avec 300 000 consultations. Sur les campus universitaires, où les Jeunes Insoumis vont tracter, les étudiants « nous reconnaissent immédiatement : ils ont vu passer le ticket sur les réseaux », affirme l’équipe de campagne.

Une question à 130 M€

La vidéo remet au premier plan la question de la gratuité des transports qui fait régulièrement l’objet d’un affrontement droite-gauche. La liste Piquemal en a fait une mesure phare. Avec même un premier objectif, souligne François Piquemal : « dès septembre 2026, une baisse de l’abonnement mensuel à 10 € pour les moins de 26 ans ». Aujourd’hui, l’abonnement est de 18,20 € pour les moins de 26 ans et 15,50 € pour les étudiants.

Pour le candidat LFI, cette mesure coûterait 35 M€ par an et serait financée « par la dynamique du versement mobilité », l’impôt payé par les entreprises et qui, dans l’agglo, est la principale ressource de Tisséo. François Piquemal affirme aussi vouloir maintenir la hausse de la contribution annuelle prévue par la Métropole pour financer la 3e ligne de métro.

Pour l’heure, la liste socialistes, écologistes et alliés, à peine formée, ne dévoile pas encore sa position sur ce sujet. « Mais nous aurons une proposition », avance François Briançon (PS). À Tisséo, le PS avait voté pour la hausse de la tarification qui prévoit des tarifs spéciaux pour les jeunes (190,20 € par an pour les moins de 26 ans et 160 € pour les étudiants).

L’hostilité de la majorité de Jean-Luc Moudenc est, elle, connue. Président de Tisséo Collectivités, Jean-Michel Lattes a plusieurs fois expliqué que les recettes commerciales permettaient de financer l’extension du réseau : 3e ligne, prolongement de la ligne B, ligne aéroport… En se privant de cette ressource, soit 130 M€ par an, « on n’a plus les moyens de développer l’offre de transports », ajoute Pierre Esplugas, porte-parole de la campagne qui rappelle que la Cour des comptes a récemment critiqué cette mesure qui, pour lui, ne peut être financée que par une hausse des impôts. « Les publics prioritaires bénéficient déjà de la gratuité (certains étudiants boursiers) ou de réductions importantes : les plus modestes, les seniors, les jeunes, les demandeurs d’emploi et les personnes handicapées. »

Le bras de fer sur ce sujet ne fait que commencer.