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Sébastien Lecornu est satisfait, il a réussi son pari face à une Assemblée nationale fragmentée. « Cette majorité de responsabilité montre que le compromis n’est pas un slogan : il permet d’avancer dans le sens de l’intérêt général. Je veux d’abord remercier les députés qui soutiennent l’action du Gouvernement et qui, ces dernières semaines, ont accepté de travailler puis de voter un texte de compromis – parfois éloigné de leurs propres convictions. […] Je remercie également les parlementaires de l’opposition, qui ont accepté le principe d’un compromis mais aussi compris que le pouvoir était désormais partagé. […] Et dès demain, il faudra travailler à l’adoption d’un budget pour l’Etat. Ce sera difficile. Peut-être plus encore que ces dernières semaines. Mais l’état d’esprit du Gouvernement ne changera pas : l’intérêt général d’abord, sans céder ni à la fébrilité, ni aux agendas électoraux », a-t-il écrit sur X.
Stephane Lemouton / SIPA
Gabriel Attal avait annoncé que son groupe allait voter en faveur du texte. Sur France 2, le secrétaire général de Renaissance et président du groupe EPR à l’Assemblée a donc applaudi le résultat : « Je veux saluer le travail du Premier ministre et de son gouvernement. C’est une étape importante franchie aujourd’hui. […] J’aurais souhaité un budget dans lequel il y a plus d’économies, plus de valorisation des Français qui travaillent. Est-ce que pour autant ça justifie de tout envoyer balader, en considérant que ça serait mieux que le pays n’ait pas de budget ? Je ne crois pas. […] On a fait le choix du compromis. Et donc on a fait le choix d’accepter certaines mesures avec lesquelles on n’est pas forcément d’accord. On a aussi eu des victoires ».
Isa Harsin / SIPA
Olivier Faure avait mené la danse des négociations avec le Premier ministre. Le premier secrétaire du PS a donc savouré le résultat à l’Assemblée : « Cette victoire, elle est d’abord celle du Parlement lui-même. […] Nous avons cherché à être utiles aux Françaises et aux Français, et je crois que nous n’avons trahi personne ». Il a invité le gouvernement à adopter « la même approche » s’il souhaite faire adopter le budget de l’État.
Stephane Lemouton / SIPA
Marc Fesneau, président du groupe MoDem, a également exprimé sa satisfaction : « Quelque chose de nouveau s’est construit. Je disais ce matin bien du courage à ceux qui voudraient changer et revenir à des méthodes beaucoup plus coercitives. […] Le Parlement a pris l’habitude un peu dans ce texte, et c’est une bonne nouvelle, de prendre ses responsabilités. »
Isa Harsin / SIPA
Le patron du groupe LR Laurent Wauquiez avait demandé à ses députés d’éviter le « blocage » en privilégiant l’abstention. Sur X, il n’a donc pas crié victoire mais presque : « L’Assemblée nationale vient d’adopter le budget de la Sécurité sociale. Nous nous sommes battus tout au long des débats pour l’améliorer : suppression de hausses d’impôts, retour de la défiscalisation intégrale des heures supplémentaires, revalorisation des retraites… Ce texte n’est ni parfait, ni idéal. C’est un moindre mal ».
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A l’issue du vote, Paul Christophe, président du groupe Horizons à l’Assemblée, n’a pas manqué de rappeler sur BFMTV les raisons du choix d’Edouard Philippe, patron du parti, de ne pas voter en faveur du texte : « Nous avions annoncé que majoritairement, nous nous abstiendrions sur le vote de ce budget et c’est ce que nous avons fait. […] Parce que ce budget produit une trajectoire budgétaire excessive. […] Il ne propose pas de réduction de dépense, parce que les recettes nouvelles sont assujetties à de la fiscalité nouvelle. Et parce que la suspension de la réforme des retraites, qui n’est en aucun cas une solution, reste proposée. […] Mais nous avions dit que nous ne serions pas les artisans du chaos, comme peuvent l’être les deux extrêmes. […] Ce n’est pas ce que méritent les Françaises et les Français ».
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LFI était fermement opposée au texte, Mathilde Panot a donc exprimé sur X sa colère – surtout contre la gauche – après le résultat. Pour la présidente du groupe Insoumis à l’Assemblée, « le rejet du budget mortifère de la Sécurité sociale aura échoué à 13 voix près. 4 milliards de coupes sur la santé, baisse des allocations familiales, limitation des arrêts maladies ou encore augmentation du prix des mutuelles. Ce désastre vous est offert par le vote pour du Parti socialiste qui rejoint définitivement la Macronie ainsi que par l’abstention d’une partie des écologistes. La semaine prochaine, il est encore possible d’envoyer ce budget à la poubelle ! »
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Le sénateur Bruno Retailleau n’appréciait pas non plus le texte. Le président des Républicains l’a donc redit à la presse mardi soir : « Je persiste à dire que ce n’est pas un bon budget pour la France. […] Ce ne sont pas nos convictions ni nos propositions ».
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Sur X, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a lui aussi exprimé son très fort mécontentement : « Ce soir, un budget de la Sécurité sociale de punition et de taxation a été voté en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, grâce à l’alliance des socialistes et des macronistes, mais aussi grâce au soutien bienveillant, évidemment coordonné avec le Premier ministre, des députés LR. Nous tendons la main à tous les électeurs de droite qui refusent cette compromission : un autre chemin est possible, celui qui mène à l’union de nos forces pour le redressement de la France. »
Isa Harsin / SIPA
Même colère sur X pour Éric Ciotti, président du groupe UDR à l’Assemblée et allié du RN. « Le PLFSS socialiste invotable selon Bruno Retailleau passe avec les 18 voix du groupe DR de Laurent Wauquiez Après s’être allié avec la macronie, M. Wauquiez est maintenant totalement inféodé aux socialistes et écologistes Un naufrage. Quelle tristesse pour les militants LR trahis ».
Jeanne Accorsini / SIPA
En dehors de la sphère purement politique, la CFDT – dirigée par Marylise Léon (sur cette photo le 26 août 2025) – a salué l’adoption du texte y voyant « un nouveau pas franchi vers la suspension de la réforme des retraites ». Le syndicat a souligné « le sens des responsabilités des députés ayant permis cette adoption ». « Ce vote consolide ce pilier des institutions républicaines qu’est la Sécurité sociale, dans un contexte politique et social marqué par une grande fragilisation de la société française ».
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Sophie Binet a pour sa part estimé que « la bataille continue ». Selon la secrétaire générale de la CGT, « la mobilisation des travailleuses et des travailleurs et le débat parlementaire ont permis de supprimer de nombreuses horreurs du budget ». Parmi les « horreurs » qui ne figurent plus dans le texte, elle cite notamment « la désindexation des pensions de retraite jusqu’en 2030, le gel des prestations sociales, le doublement des franchises et participations médicales ». Et parmi « les nombreux problèmes » qui subsistent : « le budget des hôpitaux qui s’il a été augmenté reste insuffisant » et « la taxation des mutuelles de un milliard » d’euros, qui va se traduire, selon la CGT, par des hausses de tarifs comprises entre 4 % et 10 %.