08/12/2025 – 13:53
Un an après la liquidation de Vencorex, le projet de reprise porté par Exalia relance l’espoir sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix. Olivier Six, chef d’entreprise et co-porteur du dossier, aux côtés de Séverine Dejoux, ancienne déléguée syndicale, détaille une stratégie mêlant relocalisation industrielle, innovation verte et ambition collective.
Un projet repensé pour une plateforme en sursis
Quand on lui demande pourquoi le projet Exalia pourrait réussir aujourd’hui alors qu’il avait été retoqué en avril, Olivier Six est clair : « Le projet n’est pas du tout le même ». En avril, l’équipe voulait reprendre « la totalité du site », mais était « arrivée trop tard ». Depuis, le décor a changé : la reprise chinoise n’a concerné qu’une faible part de la plateforme, laissant de vastes capacités inoccupées.
Surtout, demeure une infrastructure stratégique : « Toute la filière de fabrication de chlore, de soude et de sel peut encore redémarrer », affirme-t-il. Après « quelques jours de digestion de la mauvaise nouvelle », son équipe évalue les actifs restants : une mine de sel à 80 km, un pipeline, un accès à l’hydroélectricité, des compétences locales. Verdict : « Oui, on peut redémarrer. Et oui, il y a un marché ».
Le besoin est criant : « Il n’y a plus de production d’acide chlorhydrique en France », rappelle-t-il, contraignant industries et stations d’épuration à importer d’Allemagne, « à des coûts prohibitifs et sans logique écologique ».
La chimie verte comme colonne vertébrale
Exalia ambitionne bien plus qu’une relance technique : « On va moderniser complètement la plateforme, consommer trois fois moins d’énergie et ne plus émettre de CO₂ ». Le plan d’investissement est massif : une soixantaine de millions d’euros, dont « une grosse vingtaine d’argent public, une vingtaine privé, et le reste des banques ».
Surtout, l’entreprise veut préparer l’avenir. « On va construire une pépinière d’entreprises de la chimie du chlore », pour développer unités pilotes et procédés biosourcés. Une nécessité stratégique, dit-il : « Les plateformes Seveso comme celle de Pont-de-Claix, il n’y en a pas beaucoup en France ». Fermer serait un « désastre » économique et environnemental.
250 à 400 emplois à la clé
L’impact social est tout aussi crucial. Exalia prévoit « 120 réembauches directes d’ici deux ans », auxquelles s’ajoutent autant d’emplois indirects sur site : maintenance, services, opérations. « On sera rapidement autour de 400 créations d’emplois », avance Olivier Six.
L’appui inédit des pouvoirs publics
La visite du ministre de l’Industrie Sébastien Martin fin novembre a marqué un tournant. « Toutes les planètes sont alignées », aurait-il déclaré. Pour Olivier Six, ce soutien est décisif : reprise de la concession saline validée, aval de l’État pour la production de chlore, mobilisation de la région et de la métropole.
Signe rare : « De LFI à LR, on a obtenu l’appui de tous ». Un consensus politique « œcuménique » motivé par la volonté de sauver une filière stratégique : « L’industrie française se bat dans un Game of Thrones mondial », image-t-il. « On ne peut plus se battre comme des bisounours ».
Une décision attendue avant fin janvier
Le temps presse : clients, salariés et partenaires attendent le feu vert du tribunal de commerce de Lyon. « Il nous faut deux ans pour redémarrer. Il faut absolument une décision avant fin janvier », insiste-t-il.
La politique, un détour mais pas un retour
Olivier Six siège dans l’opposition. Interrogé sur les municipales de 2026, mais sa réponse est nette : « Non. J’ai beaucoup de choses à faire. Je vais me consacrer à l’industrie. » Lui qui avait fait campagne en 2020 aux côtés d’ Émilie Chalas, qui a rejoint la liste macroniste de Pierre-Edouard Cardinal, et qui a récemment échangé avec Romain Gentil de Place Publique, venu à Pont-de-Claix, accompagné de Raphaël Glucksmann et du président de la Métropole Christophe Ferrari, refuse désormais d’être associé à une quelconque étiquette.
« J’ai besoin de tout le monde », insiste-t-il, évitant soigneusement de choisir entre les différentes forces politiques en mouvement. Pour lui, l’enjeu dépasse les logiques partisanes : « Pour redistribuer et être solidaires, il faut d’abord une économie dynamique. Tant que les idées vont dans ce sens, je peux travailler avec beaucoup de monde. »
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