Presque deux mois après
le spectaculaire braquage du Louvre
, survenu le 19 octobre,
l’enquête administrative livre enfin ses premières conclusions. Ce
mercredi 10 décembre, Laurent Lafon, président de la commission de
la culture au Sénat, a dévoilé des éléments pour le moins
troublants. Selon lui, les cambrioleurs auraient pu être
neutralisés en pleine action,
si certaines recommandations
techniques avaient été appliquées à temps.

Ces révélations, venues éclairer
les failles du dispositif de sécurité, ajoutent une nouvelle
dimension à l’affaire. Le casse, qui a visé des bijoux d’une valeur
économique estimée à 88 millions d’euros, aurait donc pu
connaître une toute autre fin
. Et ce, pour une simple
question de secondes…

Le braquage du Louvre était
évitable

Devant les sénateurs, Laurent
Lafon n’a pas mâché ses mots. « Le rapport montre qu’à trente secondes près, les
cambrioleurs auraient pu être arrêtés et le butin
retrouvé »
, explique-t-il. Ce laps de temps minuscule
aurait été perdu en raison d’équipements défaillants et d’un manque
de réactivité lié à du matériel dépassé. Il précise :
« Ces quelques secondes sont
importantes. Si les recommandations des audits avaient été mises en
œuvre, ces trente secondes auraient été récupérées. »

L’exemple le plus marquant ?
Une caméra, pourtant fonctionnelle, qui filmait la nacelle utilisée
par les malfaiteurs mais dont l’image n’apparaissait pas sur
l’écran du PC de sécurité. « Il a fallu plusieurs minutes pour décider
d’aller chercher et d’activer les images
« , déplore-t-il.
Un délai fatal. À partir de là, les agents ont dû composer avec
un système obsolète, « pas vraiment adapté aux exigences de
sécurité », ce qui a permis aux braqueurs de prendre une avance
décisive.

Une
intervention décisive qui a tout de même « permis d’éviter le
pire »

Pour autant, tout n’a pas été
défaillant ce soir-là. L’un des auteurs du rapport, Noël Corbin,
inspecteur général des affaires culturelles, tient à souligner
l’efficacité des agents présents sur le terrain. Selon lui,
« l’intervention des
agents de sécurité aux abords du musée et dans les zones proches du
Louvre a permis d’éviter le pire ».
Une manière de
rappeler que, malgré les failles techniques, les équipes ont agi
vite et ont limité l’ampleur du braquage.

Car le préjudice reste
immense. Dès le 21 octobre, la procureure de Paris, Laure Beccuau,
s’était exprimée sur RTL pour donner un premier chiffrage.
« Le préjudice a été estimé
par la conservatrice du Louvre à 88 millions d’euros »,
indiquait-elle, parlant d’une somme « extrêmement spectaculaire ». Elle précisait aussi que
cette perte économique ne reflétait qu’une partie du désastre, le
préjudice historique étant, lui, inestimable. Mais elle se voulait
rassurante : les malfaiteurs,
qui n’ont pas échappé aux vidéosurveillances même après leur
fuite
, ne pourront pas profiter de la valeur totale du butin.
« Ils ne gagneront pas
cette somme s’ils avaient la très mauvaise idée de fondre ces
bijoux »
, affirmait-elle alors.