D’après une information ces Echos, la position de la France est désormais assez claire quant à un éventuel assouplissement du package CO2 en Europe. Dans un courrier à Bruxelles, les ministres français mettent en avant le contenu local pour donner leur feu vert à tout assouplissement de la réglementation de la fin du véhicule thermique en 2035. 

Une ligne rouge posée par la France

Ce conditionnement de la France pourrait poser problème. Le contenu local pose en effet une nouvelle équation économique pour les constructeurs alors que l’objectif est la réduction des coûts pour proposer des véhicules électriques abordables. Pour rappel, les équipementiers automobiles français exigent ce jeudi un contenu européen minimum de 80% pour les véhicules, 70% pour les pièces ! Avec un label made in EU. Pour sauver l’industrie auto européenne. Car sa survie est menacée directement par l’invasion chinoise !  Le Clifa (Comité de liaison des fournisseurs de l’automobile), qui rassemble les six organisations représentant les sous-traitants automobiles français (équipements, manufacturiers, fondeurs…), met en garde contre « la multiplication d’implantations industrielles chinoises tournevis, sans exigences harmonisées de contenu local ». Mais aussi contre « les acquisitions de fournisseurs européens par des acteurs étrangers, soit 16 milliards de dollars d’actifs automobiles rachetés » par des entreprises chinoises ou… américaines .

Un soutien Français aux équipementiers face aux constructeurs 

On le comprend assez aisément les deux mesures flexibilité CO2 et contenu local s’opposent et semblent même irréconciliables.  Les constructeurs auto européens eux-mêmes  « préfèrent de plus en plus acheter des composants en Chine à des prix inférieurs de 30% à ceux de l’Europe », indique Hervé Gestas, président de la Fédération Forge Fonderie (FFF). Du coup « 30 à 50% de la production sur les cinq ans », est en danger, estime Jean-Louis Pech. Le président de la FIEV (Fédération des équipementiers français) rappelle que « 76 000 suppressions de postes ont été annoncées depuis 2024 » 

Les constructeurs ont sous-estimé les multiples conflits d’intérêt

Pas grand’monde ne s’attendait à ce que le conflit entre constructeurs et équipementiers ne s’invite à la table de la renégociation du « paquet européen » et vienne bloquer les autres thèmes de discussion. En mettant à l’ordre du jour l’obligation d’imposer un contenu local minimum pour la production de véhicules, la France – soutenue par l’Espagne – entendait encadrer les investissements des marques chinoises. Ceux-ci sont généralement localisés à l’est du continent dans des pays comme la Hongrie, pas toujours très regardants sur la question du contenu local.

Un taux de 75 % n’arrange pas les intérêts des constructeurs qui vont naturellement au plus offrant plutôt qu’au plus local. En revanche, les équipementiers – qui pèsent très lourd en terme d’emplois et se trouvent aujopurd’hui dans une position plus délicate que les constructeurs– voient dans ce dispositif un gage de protection auquel ils tiennent mordicus. Faute d’avoir été géré en amont, ce conflit est venu enrayer tout le processus.

Par ailleurs, le bras de fer entre les constructeurs et la Commission a eu pour effet d’exacerber les oppositions entre Etats-membres. Fin octobre le chancelier allemand était déjà monté au front en cosignant avec la présidente du Conseil italien une lettre réclamant une révision immédiate de l’interdiction des ventes de voitures thermiques à l’horizon 2035. Une offensive à laquelle Paris et Madrid avaient répondu en réaffirmant leur engagement en faveur de cet objectif. La France et l’Espagne, très investis dans la fabrication de voitures électriques et de batteries, ont vivement réagi à ce qui pourrait aboutir à une remise en cause du VE.