Et si le départ de Stefan Küng vers Tudor était une bonne chose pour la Groupama-FDJ ? Si la WorldTeam française perd l’un de ses tauliers, elle a eu la possibilité de recruter pour 2026 des garçons avec de belles références, comme Bastien Tronchon, Ewen Costiou et Clément Berthet. Ajoutez à cela le rapide Matteo Milan, le couteau suisse Axel Huens ou le très prometteur Maxime Decomble, promu de la Continentale, et voilà une équipe Groupama-FDJ qui semble posséder un effectif bien plus solide que l’an dernier. DirectVelo est revenu avec l’un des responsables du recrutement, aux côtés de Philippe Mauduit et Julien Pinot, le Directeur général adjoint de Groupama-FDJ Thierry Cornec.
DirectVelo : Quel regard portes-tu sur le recrutement de l’équipe pour 2026 ?
Thierry Cornec : Le recrutement a été stratégique. Quasiment tous les coureurs qui rejoignent l’équipe avaient été évalués avec l’équipe qui s’occupe du recrutement au sein de la Groupama-FDJ. On s’était dit qu’on voulait amener des coureurs principalement jeunes, avec une personnalité, pour les développer vers des étapes supplémentaires. C’est important pour nous qu’ils s’inscrivent dans notre approche de tracer des trajectoires de progression importantes. Bastien Tronchon, Ewen Costiou ou Matteo Milan en font évidemment partie.
« UNE ANNÉE DE CONSTRUCTION » SUR LES CLASSIQUES
Si le recrutement a pu être important, c’est aussi parce que Stefan Küng est parti après sept saisons. Ne redoutes-tu pas son absence sur les Classiques notamment ?
Bien sûr, on perd Stefan (Küng) mais c’est aussi une opportunité d’ouvrir chez nous un nouveau groupe de Classiques et un nouveau cycle autour de Bastien, peut-être aussi de Thibaud Gruel. Il a le gabarit pour aller se tester sur des Classiques, comme Matteo Milan également. C’est aussi une opportunité de se remettre en question après sept années avec Stefan. Il a beaucoup apporté à l’équipe et il voulait vivre autre chose pour la dernière page de sa carrière, ce qui s’entend complètement. Donc pour nous, ça a été l’opportunité de se demander quel nouveau cycle on avait envie de créer.
Pour les Classiques, tu crois beaucoup en Bastien Tronchon…
Il y a eu des opportunités de recrutement comme Bastien Tronchon. Forcément, en ouvrant un nouveau cycle, on va probablement passer par une saison de Classiques peut-être plus challengeante de notre côté, ou disons moins prévisible. Mais c’est aussi le prix à payer. Pour créer des victoires ou des projets plus importants, à moyen terme, il faut aussi accepter de passer par une année de construction.
UN SECOND GROUPE POUR LE SPRINT
L’arrivée de Matteo Milan est-elle un pari ?
Ce n’est pas un pari. Il y a une vraie réflexion que nous avons eue avec l’idée de créer un second groupe sprint, avec un sprinteur qui a déjà un peu d’expérience. Dans la Continentale, nous avons un très bon sprinteur comme Karl Sagnier mais le cyclisme évolue vite, et on s’est dit qu’on n’allait pas forcément attendre. Et quand on a réfléchi à des coureurs sur lesquels on pouvait apporter nos compétences d’accompagnement et de développement, Matteo est arrivé assez rapidement. On s’est rejoint sur sa personnalité. Il avait cette envie aussi de rejoindre une équipe où on a l’expérience du sprint avec des trajectoires de carrière comme celle d’Arnaud (Démare) ou de Nacer (Bouhanni). Ça lui a donné envie de venir. On a le staff qui est super motivé d’avoir deux groupes pour le sprint, un premier autour de Paul (Penhoët) et donc un second autour de Matteo. En plus, c’est un coureur étranger, ce qui nous évite de tomber dans le travers de ne recruter que des coureurs français, même si on a une empreinte française qu’on ne refuse pas du tout d’affirmer.
Parmi les recrues, il y a en effet seulement deux étrangers pour six Français. Est-ce que c’est dû au fait que beaucoup d’étrangers, notamment ceux passés par la Continentale, sont partis ces dernières années ?
On sera toujours sur l’international et du français. C’est une histoire surtout de disponibilité de certains coureurs à certains moments. Pour renforcer le collectif, on s’est trouvé sur des coureurs français. Peut-être que l’année prochaine, suivant l’objectif de recrutement qu’on aura, on sera plus sur des coureurs étrangers. Les situations d’une année sur l’autre font qu’on se retrouve avec ce recrutement cette année.
« LES POUSSER À ÉLEVER LEUR NIVEAU »
L’équipe a su attirer plusieurs coureurs puncheurs et/ou grimpeurs avec des références. Il y a de quoi imaginer une composition alléchante sur certaines épreuves difficiles…
C’était l’objectif de ce recrutement de créer un collectif plus fort, plutôt que de recruter certaines individualités et puis essayer de les fondre dans le collectif. Avoir plus de densité était un vrai objectif pour nous. Et c’est vrai que ces coureurs-là en apportent. On imagine des courses où on pourra aligner Romain (Grégoire), Valentin (Madouas), Ewen (Costiou), Bastien (Tronchon) ou Clément (Berthet), ou sinon des courses plus axées montagne avec David (Gaudu), Clément, Guillaume (Martin-Guyonnet) ou Brieuc (Rolland).
David Gaudu et Valentin Madouas n’ont pas eu la saison 2025 espérée. Est-ce que ces arrivées doivent leur enlever un poids ?
Oui et non. Je ne souhaite pas que ça leur enlève leur responsabilité de leader. Ce sont des leaders de l’équipe. Déjà, en premier lieu, ils ont toute notre confiance. Le sport de haut niveau a cet aspect d’incertitude qu’on peut faire de très bonnes saisons et des années un peu plus difficiles ensuite. On a travaillé avec eux pour que la saison 2026 soit différente de la 2025. On est tous alignés là-dessus. Ce que ces nouveaux coureurs peuvent apporter dans cette boucle, c’est de les challenger un peu et de les pousser à élever le niveau et à retrouver le niveau de performance qu’ils avaient les saisons précédentes. Le recrutement de la Groupama-FDJ a été volontairement ambitieux. On est tourné vers la victoire et vers la performance. C’est clairement la manière dont on a mené le recrutement.