Il sera bientôt interdit de se comporter comme un poisson clown à l’aquarium de Paris. Le tribunal administratif a tranché ce jeudi 11 décembre : «Le préfet de police doit mettre fin à l’organisation d’événements musicaux et dansants au sein de l’Aquarium de Paris» et ceci, «sans délai». Cela fait plusieurs années que l’Aquarium de Paris, situé au Trocadéro et géré par une entreprise privée, est dans le viseur d’associations à cause des soirées festives qui y sont organisées, parfois deux fois par semaine.

Cette fois-ci, c’est l’association Sea Sheperd qui avait saisi le préfet de police, se basant sur le code de l’environnement qui, depuis une loi du 30 novembre 2021, interdit «la présentation d’animaux dans les discothèques». En l’absence de réponse, l’association a donc saisi le tribunal administratif, pour qui l’affaire est claire : «Lorsque des événements destinés principalement à la diffusion de musique et à la danse y [sont] organisés, l’Aquarium de Paris doit être qualifié de discothèque au sens du code de l’environnement». Dès lors, «une interdiction stricte de la tenue de soirées dansantes en présence d’animaux aquatiques au sein de l’Aquarium» s’impose.

Le tribunal juge enfin «illégal» le refus de la préfecture de police de répondre à Sea Sheperd et prévient que si aucune mesure n’est prise «pour que l’Aquarium respecte cette interdiction», l’établissement s’exposera à un risque de fermeture.

L’Aquarium de Paris a pris l’habitude de se transformer occasionnellement en discothèque depuis 2006. Sur son site internet, l’établissement L’Aquarium le Club promet «une expérience exceptionnelle sous la mer, nichée au cœur des Jardins du Trocadéro dans le XVIe arrondissement». «Vibrez au son des musiques électrisantes de notre DJ et dansez avec les sirènes de notre aquarium géant», est-il écrit, avec la possibilité de réserver «une table premium» et la demande d’être «bien habillé». Sont également mises en avant des photos de fêtards brandissant des tubes d’artifice sur fond de lumières vives. Pourtant, lors d’un contrôle effectué en octobre 2023, des inspecteurs affirmaient ne pas avoir «observé d’atteinte au bien-être animal», selon une représentante de la préfecture de police.

Début 2024, la mairie de Paris, propriétaire des murs, avait demandé «de réduire significativement […] le nombre de soirées accueillies sur le lieu de vie d’animaux». L’association Paris Animaux Zoopolis (PAZ) avait également protesté contre l’organisation d’une soirée de Nouvel an, fin 2023. «Les poissons ne sont pas des attractions ni des décorations, dénonçait alors la cofondatrice de PAZ, Amandine Sanvisens. Non seulement les animaux sont prisonniers des aquariums, mais ils sont en plus dérangés la nuit par le son et la lumière.» S’appuyant sur un contrôle de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) de 2019, stipulant selon lui que «les parois des bassins font 36 centimètres, plus que du triple vitrage» et que «les bassins sont plongés dans un éclairage nocturne qui ne perturbe pas le sommeil des poissons», la direction de l’aquarium martelait quant à elle auprès de Libération que ces soirées n’ont aucun impact sur ses hôtes.