Le sommeil est un marqueur central de l’état de santé de la population. Les résultats du Baromètre de Santé publique France 2024 confirment qu’en moyenne, les adultes dorment désormais 7 heures et 32 minutes par jour, tous temps confondus sur 24 heures. Cette durée, qui inclut le sommeil nocturne et les éventuelles siestes, demeure en deçà des recommandations habituelles, comprises entre sept et neuf heures chez l’adulte, et s’inscrit dans une tendance de long terme à la réduction du temps de sommeil observée depuis plusieurs décennies.

Derrière cette moyenne nationale se dessinent toutefois de fortes disparités liées à l’âge. Les jeunes adultes restent ceux qui déclarent les durées de sommeil les plus élevées, tandis que la tranche des 40-59 ans concentre une part importante des « courts dormeurs », définis comme dormant six heures ou moins par nuit. En 2024, plus d’un adulte sur cinq est concerné par ce déficit de sommeil, avec une surreprésentation des hommes dans cette catégorie.

Des insomnies chez un tiers des adultes interrogés

Le Baromètre met également en lumière l’ampleur des troubles subjectifs du sommeil. Près d’un tiers des adultes interrogés déclarent une plainte d’insomnie, caractérisée par des difficultés d’endormissement ou des réveils nocturnes répétés. Cette situation touche plus fréquemment les femmes et s’accentue nettement avec l’avancée en âge, atteignant un niveau particulièrement élevé chez les femmes de 70 à 79 ans, dont 43,4 % rapportent ce type de difficultés.

L’analyse socio-économique confirme que le sommeil constitue aussi un révélateur d’inégalités sociales de santé. Les durées de sommeil les plus courtes et les plaintes d’insomnie les plus fréquentes sont observées chez les ouvriers et les employés, ainsi que parmi les personnes disposant d’un faible niveau de diplôme. L’effet de la situation financière apparaît encore plus marqué : les individus déclarant des difficultés économiques cumulent davantage de signes de sommeil altéré, tant en durée qu’en qualité perçue.

D’importants écarts territoriaux

Les écarts territoriaux complètent ce tableau. Les indicateurs de sommeil sont globalement plus dégradés dans les départements et régions d’outre-mer, où les durées moyennes sont plus courtes et les plaintes plus fréquentes. A l’inverse, certaines régions de l’ouest de la France hexagonale, comme la Bretagne et les Pays de la Loire, se distinguent par des temps de sommeil plus élevés et une moindre proportion de courts dormeurs, soulignant l’influence possible des conditions de vie et de travail locales.

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Ces résultats montrent que le sommeil ne relève pas uniquement de comportements individuels mais s’inscrit dans un ensemble de déterminants sociaux, professionnels et territoriaux. En documentant les durées de sommeil et les plaintes d’insomnie selon l’âge et les conditions de vie, l’édition 2024 du Baromètre fournit un éclairage intéressant pour mieux appréhender les habitudes des Français.