Le départ de Jean Varela de la direction générale du Domaine d’O, européenne du théâtre et des arts associés, à Montpellier, a été officialisé vendredi. L’association du festival Printemps des comédiens, a fait savoir son « désaccord ».

D’aucuns le disaient dans le collimateur depuis l’été dernier, d’autres déjà abattus. C’est désormais acté dans des termes autrement diplomatiques : « Dans le cadre de la création de la Cité européenne du théâtre et des arts associés – Domaine d’O, issue du rassemblement de l’établissement public Domaine d’O et de l’association Printemps des Comédiens, Aucun accord contractuel n’a été trouvé avec Jean Varela, pourtant pressenti pour assurer la direction générale », ont fait savoir vendredi, par un communiqué de presse, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Occitanie, la Métropole Montpellier Méditerranée et la Ville de Montpellier.

Le deuxième festival de théâtre de France

Cela posé, les partenaires institutionnels ont salué – comme il se doit en pareilles circonstances – l’engagement du partant : « Il a contribué à affirmer le rayonnement artistique du festival Printemps des comédiens, tant à l’échelle du territoire que sur la scène nationale et internationale, participant ainsi au rayonnement culturel de Montpellier ». Et les institutions de réaffirmer « leur reconnaissance pour le rôle qu’il a joué dans le développement de ce festival, qui a permis aux habitantes et habitants du territoire de rencontrer des artistes, des compagnies et des œuvres majeures de la création contemporaine ».

Aujourd’hui âgé de 59 ans, le comédien biterrois aura, entre autres choses, cofondé la compagnie In Situ, créé le festival Les Nuits de la Terrasse et del Catet dans le Biterrois, dirigé la Cigalière, la salle de spectacles de Sérignan et initié pour le compte du Département de l’Hérault, le projet sortie Ouest au domaine de Bayssan à Béziers (désormais Scène de Bayssan) avant de prendre la tête du Printemps des comédiens, en 2011. Et de le hisser au rang de deuxième festival de théâtre de France après Avignon ; un fait qu’il ne se trouvera pas une personne pour contester, même parmi ses contempteurs.

Quoi qu’il en soit, si l’on en croit la rumeur qui tourne dans la centrifugeuse du mundillo culturel (bruyamment donc) depuis la rentrée, Jean Varela aurait été avisé oralement qu’il allait être licencié dès la mi-juillet, un mois après une 39e édition raccourcie d’une semaine (mais réussie). Une décision qui lui aurait été répétée à l’automne sans officialisation. Jusqu’à ce jour, sous cette forme, disons, euphémisée.

Un déficit contesté par l’association du festival

On lui ferait grief d’un important déficit de plusieurs centaines de milliers d’euros au Domaine d’O, devenu depus le 1er janvier 2025, EPCC (Établissement public de coopération culturelle) de la Cité européenne du théâtre et des arts associés, après la fusion de l’association du festival Printemps des Comédiens et de l’EPIC (Établissement public à caractère industriel et commercial) Domaine d’O ; sachant que lui, Jean Varela, n’a jamais été directeur de cet EPIC..

Ladite association a répliqué ce même vendredi, dans un communiqué de presse, dans l’espoir, explique-t-elle, de « mettre fin aux spéculations qui entourent sa disparition programmée et ont donné lieu à des déclarations erronées jusqu’en conseil de Métropole », en rendant publiques les conclusions des experts-comptables et commissaires aux comptes qui procèdent actuellement à sa liquidation. Ainsi, l’association en cours de dissolution serait-elle loin d’être déficitaire.

Elle énumère : « Comptes positifs avec un excédent de 183 000 € ; solde reversé à l’EPCC du Domaine d’O désormais en charge de la Cité européenne du théâtre : 60 000 € ; cession à titre gracieux d’un matériel scénique évalué à 320 000 € ; cession à titre gracieux de la marque Printemps des Comédiens et d’un fichier de billetterie de 30 000 noms ; revenus générés par la reprise régulière à l’international de Bérénice avec Isabelle Huppert (ce spectacle a été créé à Montpellier sous l’égide de l’association Printemps des Comédiens). » Et l’association d’exprimer « son désaccord à l’annonce du départ forcé de son directeur artistique Jean Varela ».

Et le spectacle continue

Un départ qui n’obère pas l’avenir du Domaine d’O, promettent la Drac, la Métropole et la Ville de Montpellier dans leur communiqué, la continuité de l’activité du Domaine d’O étant « pleinement assurée par les équipes en place« . L’intérim de la direction générale est assuré par le directeur général délégué Alexis Gangloff, tandis qu’Eric Bart, bras droit depuis quelques saisons et éditions de Jean Varela pour la programmation et partant, déjà à la manœuvre, se voit confier la direction artistique. Un appel à candidatures pour la direction générale sera « très prochainement » rendu public, conjointement par le conseil d’administration de l’EPCC, la Drac Occitanie, la Métropole et la Ville, avec l’objectif de « pourvoir ce poste d’ici l’été 2026 ».

Dernière assurance des institutions : « L’ensemble des rendez-vous et actions de la saison à venir sera maintenu : le festival Saperlipopette et la 40e édition du Printemps des Comédiens se tiendront comme prévu en 2026, de même que les festivals accueillis et l’ensemble des manifestations programmées sur le site du Domaine d’O ». Reste à savoir dans quel climat, avec quelle dimension et pour quelle vision. Bref, à suivre…

NB : la saison du Domaine d’O se poursuit avec “La carotte sera salée” , spectacle des stagiaires du centre des arts du cirque Balthazar, les 17, 18 et 19 décembre, sous chapiteau, à Montpellier. domainedo.fr