ENQUÊTE – Plusieurs informateurs policiers sont suspectés d’avoir importé 387 kilos de cocaïne colombienne avec la complaisance d’enquêteurs de l’Office anti-stupéfiants. Ces sources auraient aussi détourné une partie de la cargaison en guise de rétribution.
«Avec les Américains, je touchais beaucoup d’argent et cela m’a permis de bien vivre. Quand il s’agit d’une affaire de drogue ou de blanchiment, les primes peuvent aller jusqu’à 500.000 dollars à partager entre les sources», assure Samir* lors d’un interrogatoire au tribunal judiciaire de Paris. Envoyé en détention en février après des années de service pour la police, cet informateur aguerri se heurte désormais au marteau de la justice.
Né au Proche-Orient, l’homme a passé sa vie à renseigner les autorités américaines et françaises sur le milieu du narcobanditisme. Une activité strictement encadrée qui l’aurait conduit à résoudre «des centaines d’affaires» et faire tomber de redoutables chefs de gangs, jusqu’au fiasco de l’opération «Trident» en avril 2023. L’affaire visait à interpeller le narcotrafiquant Mohamed Djeha, dit «Mimo», en l’appâtant avec une cargaison de 387 kilos de cocaïne venue de Colombie via une «livraison surveillée».
Mais le puissant narcotrafiquant n’a pas cru au manège des policiers et a largué les amarres quelques jours après le début de l’opération. Deux ans après ce fiasco, Samir est suspecté par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) d’avoir aidé trois enquêteurs de l’Office anti-stupéfiants (Ofast) de Marseille à importer puis à détourner la drogue hors de tout cadre judiciaire. Présumé innocent et un temps placé à l’isolement, l’indic a formulé cinq demandes de libération. La dernière en date, étudiée mercredi 10 décembre par la justice, a été rejetée.
«Moi je n’ai rien à voir avec ça. […] Je n’ai jamais touché de cocaïne ni d’argent dans cette affaire», jure celui qui dit avoir «donné son sang» à la France. Un pacte qu’il aurait noué via un officier de police au début des années 2000 en devenant informateur. «Je le…
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