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Deux gendarmes en poste à Domont, dont l’un originaire de Toulouse, sont au cœur d’une vaste affaire de corruption impliquant une société de location de voitures de la région toulousaine. Soupçonnés d’avoir levé illégalement des immobilisations de véhicules et consulté des fichiers confidentiels en échange d’avantages, ils ont été interpellés avec trois complices et seront jugés par le tribunal correctionnel de Pontoise.

Leur carrière à la gendarmerie est probablement terminée. Deux militaires de Domont, dont l’un est originaire de Toulouse, sont suspectés de corruption. Ils auraient manipulé des fichiers interdits et transmis des renseignements à une concession du 31. Trois autres Haut-Garonnais, en lien avec cette société de location de voitures, ont également été interpellés. Les cinq personnes devraient être prochainement jugées par le tribunal correctionnel de Pontoise.

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Cette affaire hors norme, révélatrice de graves dérives internes, débute par un simple contrôle routier. Au début du mois de juillet 2025, une brigade patrouille dans le secteur d’Orléans lorsqu’elle remarque la conduite inhabituelle d’un automobiliste. Les forces de l’ordre procèdent au contrôle du conducteur et décident d’immobiliser son véhicule, loué en Haute-Garonne.

Quelques jours plus tard, sans justification apparente, cette immobilisation est pourtant levée. Le véhicule est ensuite restitué à ses propriétaires, installés dans l’ouest toulousain. En approfondissant leurs recherches, les gendarmes identifient l’auteur de cette décision incompréhensible : un jeune militaire en poste à Domont, dans le Val-d’Oise (95). Une ingérence susceptible de lui coûter très cher.

De l’argent en échange des services…

Cet épisode est rapidement signalé à l’inspection de la gendarmerie, déclenchant l’ouverture d’une enquête interne. Les investigations sont confiées à l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN), surnommée « les gendarmes des gendarmes ».

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Au fil des surveillances, recoupements d’informations et auditions, l’IGGN met progressivement au jour une organisation structurée. La levée de l’immobilisation ne serait pas un cas isolé. Le gendarme mis en cause, né à Toulouse, participerait régulièrement à ce trafic avec des amis d’enfance. En échange d’argent ou d’avantages divers, le jeune homme de 23 ans et une complice de 27 ans rendaient des services à un loueur de voiture de la Ville rose. Lorsqu’un client commettait une infraction avec l’un de leurs bolides, celui-ci échappait souvent à une immobilisation prolongée. Pour accroître leurs gains, les deux militaires auraient également consulté des fichiers strictement réservés aux enquêteurs, avant d’en divulguer le contenu à leurs complices.

Audience probablement renvoyée

Au total, l’IGGN estime à plus de 700 le nombre d’infractions imputées au duo. Afin de mettre un terme à ce système de corruption, une opération discrète a été menée ce mardi. Une quinzaine d’interpellations et autant de gardes à vue ont eu lieu à Toulouse, Castres, mais aussi dans le nord de la France.

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Finalement, quatre hommes et une femme, défendus par Me Jacques Derieux, Florian Lastelle et Ilyacine Maallaoui, ont été déférés au parquet de Pontoise. L’affaire devait être examinée le 12 décembre, mais l’audience devrait être renvoyée à une date ultérieure.