Des analyses du « Jugement dernier », spectaculaire polyptyque conservé à l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune (Côte-d’Or), ont démarré ce début décembre. Une opération menée en amont de la restauration de l’œuvre, qui s’étendra sur plusieurs années à partir de l’automne 2026.

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En entrant dans la salle du Polyptyque, on la découvre plongée dans la pénombre. Partout, des équipements photographiques autour desquels s’affairent des personnels du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), venus à Beaune (Côte-d’Or) spécialement pour l’occasion. Leur objectif ? Réaliser un examen complet du « Jugement dernier » de Rogier van der Weyden, afin d’en préparer la restauration.

Peint entre 1443 et 1452, ce polyptyque – terme utilisé pour désigner un ensemble de panneaux peints – représente le Jour du Jugement, thème classique de l’art religieux chrétien. Malgré son âge, il n’a bénéficié, depuis sa création, que d’une unique campagne de restauration. « Celle-ci a été effectuée de 1875 à 1878, il y a maintenant plus d’un siècle », détaille Sandrine Allard-Saint-Albin, responsable de l’Hôtel-Dieu.

Des membres du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) à l'Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune, jeudi 11 décembre 2025.

Des membres du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) à l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune, jeudi 11 décembre 2025.

© AUBERI VERNE / FRANCE TÉLÉVISIONS

C’est lors d’un prêt de l’œuvre au musée du Louvre, en 2024, que la nécessité d’une restauration future commence à poindre. Des études mettent alors en lumière certains signes de détérioration. « Rien qui nécessite une intervention dans l’urgence », précise la directrice. « Mais on a par exemple repéré des soulèvements de matière, une opacification du vernis, qui ont attiré notre attention. » Concrètement, des traces de la précédente retouche forment des taches sur certaines parties des panneaux.

En lien avec la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) de Bourgogne-Franche-Comté, l’Hôtel-Dieu prend alors attache avec le C2RMF. Cet organisme, affilié au ministère de la Culture, est entre autres chargé « d’apporter des réponses permettant aux musées de France […] de remplir leurs missions essentielles : enrichir et conserver les biens culturels afin d’en assurer la transmission aux générations futures », explique-t-il sur son site internet.

Notre problématique est : comment réussir à préserver cette œuvre ?

Sandrine Allard-Saint-Albin,

responsable de l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune

L’étude préalable à la restauration consiste notamment à réaliser des prises de vue sur « différentes bandes passantes dans le spectre lumineux », explique Philippe Salinson, photographe et radiologue aux rayons X. « On vient avec différents types de matériels pour faire un ensemble d’imagerie – ultraviolet, infrarouge et lumière visible. Avec notre jeu de filtres, on pourra voir des différences de pigments, des parties altérées, des anciens vernis, à la surface et légèrement sous la surface de la couche picturale. »

Une partie du polyptyque du Jugement dernier, jeudi 11 décembre 2025.

Une partie du polyptyque du Jugement dernier, jeudi 11 décembre 2025.

© AUBERI VERNE / FRANCE TÉLÉVISIONS

« On va regarder s’il est possible de dégager la polychromie originale des cadres, puisque les cadres sont les cadres originaux, ce qui est exceptionnel », ajoute Matthieu Gilles, responsable de la filière peinture au C2RMF. « Il va falloir tester différentes méthodes de dégagement et de nettoyage pour voir laquelle pourra être appliquée le plus efficacement au moment de la restauration à proprement parler. » L’ensemble de ces opérations, ainsi que l’établissement du cahier des charges, doit durer jusqu’en août 2026.

Le polyptyque sera ensuite emmené dans les ateliers du C2RMF. Le déplacement effectué, un appel d’offres sera lancé pour sélectionner les restaurateurs. Le processus de restauration doit se terminer en 2029.