Les trottoirs de la rue Saint-Jean, artère commerciale nancéienne, ne sont pas noirs de monde pour ce dimanche d’ouverture exceptionnelle. Elle est à peine plus fréquentée qu’un jour en semaine. On y flâne comme cette famille hésitante quant à la direction à prendre au niveau de l’angle des rues Saint-Dizier et Saint-Jean : « On vient de Metz, on est venu s’aérer un peu, voir entre autres votre marché de Noël, mais pour les achats de cadeaux, c’est déjà fait ». Aïe. La concurrence de la vente en ligne, l’avènement du Black Friday, auraient-ils soustrait les ouvertures exceptionnelles de leur essence ?
Autrefois exceptionnel, ce rendez-vous dominical glisse doucement vers l’ordinaire témoigne un gardien de la sécurité du Saint-Sébastien : « Là, c’est comme un samedi. Ou dimanche dernier où l’on était déjà ouvert ».
Venue de Richardménil, voici Sandrine qui repart les bras chargés. Encore un magasin et ses achats de Noël effectués en toute quiétude seront bouclés. Ancienne commerçante nancéienne, elle est le portrait type de la cliente de ce dimanche d’ouverture de magasin : « C’est le seul jour de la semaine où je peux faire mes cadeaux, alors ces ouvertures m’arrangent. Quand j’étais dans le métier, ces jours exceptionnels d’ouverture servaient essentiellement de balade familiale et de repérage de cadeau. Là, on sent moins d’effervescence dans les magasins ». Pas faux.
Le gros week-end de la Saint-Nicolas
D’ailleurs à la Parenthèse , spécialiste BD, cette ouverture dominicale est plus affaire de crédibilité que de chiffres : « Il y a peu de monde, mais on ouvre pour les gens qui se baladent, s’arrêtent. On sait que le rush sera dimanche prochain ».
La quête d’originalité et d’artisanat fait encore les belles histoires commerçantes. Spécialisé dans la décoration intérieure, le magasin Nicole Lhotte est devenu pour l’occasion un village de décoration de Noël qui ne désemplit pas. Entre deux conseils aux clients, la gérante explique pourtant : « Notre gros week-end, c’était surtout le précédant avec la Saint-Nicolas ».
Retour rue des Carmes, où Christophe gérant souriant des Lumières du Temps , magasin spécialisé en bougie, fait ses estimations : « C’est une quarantaine de clients dans la journée, comme un samedi ».
À côté, Karine Claude qui gère Le s Cocottes d’Yvonne ne compte plus ses heures, tourne depuis trois semaines en 7jours/7. La clientèle le lui rend bien comme en témoigne l’affluence de ce dimanche dans ce magasin spécialisé en ustensile de cuisine : « J’adore ce que je fais, mais ça fatigue aussi. Aujourd’hui, j’ai envie de dire, a-t-on le choix ? On essaye d’avoir notre identité, de se renouveler, d’être présent sur les réseaux sociaux. Mais dès qu’un groupe concurrent annonce s’installer tout près, c’est tout de suite l’incertitude (N.D.L.R. : Culinarion du groupe EK France ) parce que pour nous les indépendants, ce n’est la piétonnisation notre souci, mais bien le coût affolant de location des cellules. Alors des jours exceptionnels d’ouverture même sans grande foule, on prend quand même ». Et celui du prochain week-end promet, dans la pure tradition d’avant Noël, une nuée de chasseurs de cadeaux.