Par

Inès Cussac

Publié le

15 déc. 2025 à 6h28

Rideaux baissés, vitrines vides et allées sombres sont les éléments de décor du centre commercial Maine-Montparnasse. Loin d’être transparent, ce vaste espace supportant la tour Montparnasse et situé au carrefour des 6e, 14e et 15e arrondissements de Paris, est pourtant déserté des commerçants et des visiteurs. Un premier protocole d’accord avait été validé par les élus parisiens cet été pour tenter de le rendre plus attrayant. Ils devront pourtant relancer les débats au Conseil de Paris, qui débute mardi 16 décembre 2025, pour approuver les dernières modifications du dossier, comprenant l’actualisation de l’étude d’impact notamment. Une fois de plus, les Verts montent au créneau.

Depuis plusieurs années, la Ville planche sur la transformation du centre commercial afin de « supprimer l’image de cet ensemble immobilier comme un élément étranger au reste de la ville avec sa structure de podium composée de masses à différentes hauteurs, certaines très basses, les autres très hautes, qui créent une forte discontinuité urbaine ». Végétalisation, rupture avec l’urbanisme de dalle propre aux années 1970, installation d’une résidence étudiante ou encore création d’un équipement culturel sont des idées avancées pour y parvenir. Mais alors qu’un protocole d’accord avec les copropriétaires de l’Ensemble immobilier de la Tour Maine-Montparnasse (EITMM) avait été validé par le Conseil de Paris en juillet dernier, sans les voix des écologistes, les nouveaux contours du projet ne convainquent toujours pas ce groupe de la majorité municipale. Il demande désormais l’annulation de cet accord.

« Un projet des années 1980 en 2025 »

Les Verts dénoncent d’une part la création de trop nombreux mètres carrés de bureaux par rapport aux logements -18 756 m² contre 4 500 m²- «en contradiction avec les objectifs d’équilibre fonctionnel fixés par l’Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) Maine-Montparnasse », rappellent-ils. D’après l’OAP de 2021, la restructuration du centre commercial devait comprendre « une part significative d’habitation (dont 35 % de logements locatifs sociaux, et intégrant une part de logements BRS, à destination notamment des familles, des étudiants et des jeunes actifs) », indiquait-il. Il est désormais question de 24 %.

D’autre part, les écologistes pointent du doigt le certificat d’urbanisme qui avait été obtenu en mai 2023, avant la mise en place du nouveau PLU bioclimatique adopté en novembre 2024. Il est encore temps selon eux de revoir le projet afin de l’inscrire dans ce nouveau cadre. D’autant que le document ayant été prorogé d’un an par la Ville, en octobre 2024, il était « théoriquement » valable jusqu’au 25 novembre 2025.

« Il est hors de question de voir ce projet comme cela. Il faut revoir le nombre de logements et le rendre conforme au nouveau PLU », prévient la présidente du groupe, Fatoumata Koné, qui a déposé un vœu relatif à l’annulation de l’accord, également soutenu par Carine Petit, maire du 14e arrondissement. Et l’élu Nour Durand-Raucher d’ajouter : « Il n’est pas possible d’avoir un projet des années 1980 en 2025. »

Enfin, et surtout, ils alertent sur des « évolutions majeures de programme [qui] échappent [au] contrôle démocratique » du Conseil de Paris. Alors que la délibération approuvée en juillet faisait état d’un projet d’une surface totale de 57 500 m², il semblerait qu’une augmentation de 25 % de bureaux soit intégrée au projet sans être présentée aux élus. Une enquête de La Lettre, parue le 4 novembre dernier, informait de ce « projet global » porté par les associés de Xavier Niel, l’un des copropriétaires de l’EITMM. Ce qui permettrait au fondateur de Free d’augmenter ses surfaces commercialisables.

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La tour Montparnasse comprise dans le dossier

Le projet de l’architecte Renzo Piano, présenté à la Ville en 2023, vise à rénover entièrement le paysage avec une percée visuelle et des traversées piétonnes à ciel ouvert. Il prévoit aussi la création d’une grande place végétalisée au centre du site et des toitures ouvertes au public avec des espaces de sport et de loisirs. Mais il planifie en outre la construction de nouveaux immeubles, dans un espace déjà saturé et au pied d’une tour de 210 mètres de haut. L’un des bâtiments, de six étages, doit être à usage tertiaire. L’autre, de sept étages, accueillerait une résidence étudiante. Une surélévation de quatre à six étages pourrait en outre servir à des bureaux.

« Le projet vient densifier sans altérer la qualité urbaine, la lumière ni le cadre de vie », assure le projet de délibération porté par l’ajointe à la maire de Paris chargée de l’urbanisme, Lamia El Aaraje, et le premier adjoint, Patrick Bloche. Lequel se réjouit de voir enfin cet « îlot en déshérence » être rafraîchi dans l’idée de « recréer un lieu de vie ».

Le dossier qui sera débattu par les élus parisiens comprend également la rénovation de la tour Montparnasse et la tour CIT, l’immeuble de bureaux au-dessus de la gare. Le projet autorisé en 2019 a fait lui aussi l’objet de quelques ultimes retouches avec des travaux moins lourds que prévu et moins de démolitions. Cette fois, l’objectif est de remplacer la façade noire pour du verre plus clair, d’ajouter une serre sur le toit.

Pour rappel, le gratte-ciel érigé en 1973 a fait l’objet d’un courrier des autorités préfectorales aux copropriétaires les incitant à quitter le site au début janvier 2026. Ils doivent faire leurs cartons en raison de « dysfonctionnements récurrents du système d’alarme incendie » induites « par la présence d’amiante ». Cette décision intervient donc alors que les travaux doivent être lancés au printemps 2026 pour une durée de quatre ans.

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