Concernant ce nouveau volet, tout part du nouveau Plan local d’urbanisme (PLU) adopté par la commune de Canéjan en septembre. Le commissaire enquêteur avait émis un avis favorable, mais assorti de plusieurs réserves. Parmi elles, il était demandé de « confirmer la capacité de fourniture en eau portable prenant en compte tous les projets en cours ainsi que celle du réseau d’assainissement à l’aune de la projection démographique ».
La commune – qui comptait environ 5 800 habitants en 2022 – a répondu au commissaire en fournissant ses projections, en misant sur l’accueil de 800 ou 850 nouveaux habitants. Dans sa réponse, elle table sur une consommation en eau de 338 520 m³ en 2030 et 367 040 m³ en 2040. Des chiffres qui ont fait bondir le collectif Canéjan en transition. Celui-ci brandit les données publiées dans le cadre du Schéma de cohérence territoriale (Scot). Pour Canéjan, la consommation y est évaluée à 373 495 m³ pour 2030 et 420 243 m³ en 2040. Le collectif Canéjan en transition fait remarquer que ce dernier chiffre s’approche du volume de prélèvement autorisé par la préfecture, fixé à 430 000 m³.
La commune défend son calcul
La consultation des documents du Scot nous apprend que Canéjan ne serait pas un cas unique : à horizon 2040, nombre de syndicats et régies des eaux de Gironde dépasseraient le volume de prélèvement autorisé, même si certains pourraient se contenir avec un objectif de réduction des pertes en eau. Le Scot nuance toutefois ses chiffres, en précisant que « tout exercice de prospective comporte des limites ».
De son côté, la commune de Canéjan défend son calcul. Elle explique se baser sur une consommation de 62 m³ par habitant et par an établie par le Syndicat mixte d’étude pour la gestion de la ressource en eau du département de la Gironde (Smegreg). « Les chiffres contenus dans le Scot correspondent quant à eux aux projections pour notre commune sur la base des projections globales de la Communauté de communes », ajoute le cabinet du maire.
Une expertise judiciaire
La commune et le collectif divergent sur un point crucial : l’impact qu’aurait ou non le surfpark sur la consommation en eau. « La commune s’est basée sur une consommation moyenne pour une ville non-touristique. Mais le surfpark prévoit d’accueillir 200 000 visiteurs par an, et cela va peser sur la consommation en eau », considère Rémy Petit, membre du collectif Canéjan en transition.
Le maire de Canéjan Bernard Garrigou rappelle l’existence de l’expertise judiciaire rendue en mai 2025. Celle-ci considère qu’une cuve de rétention d’eau de pluie supplémentaire suffirait à assurer l’autonomie de l’équipement. La Sepanso et Surfrider Foundation avaient critiqué ces conclusions. « Pour nous, le débat est clos, tranche Nicolas Padois, un des porteurs du projet de surfpark baptisé L’Académie de la glisse. L’expertise a estimé que nous étions dans les clous. » Il confirme qu’une cuve supplémentaire sera bien installée. « Nous suivons toutes les demandes des services instructeurs », précise Nicolas Padois. Il ajoute que son « projet n’a rien à voir le PLU. Le greffer à ce sujet, cela n’a pas trop de sens ».
« Pour nous, le débat est clos. L’expertise a estimé que nous étions dans les clous »
Bernard Garrigou tempère également la crainte d’un dépassement du volume de prélèvement autorisé par la préfecture. « Si jamais il y avait une surconsommation en période estivale, la préfecture pourrait s’en saisir pour réduire l’activité du surfpark, souligne le maire. Le promoteur du projet prévoit cette possibilité. »
Bernard Garrigou assure que la commune a également adopté une tarification dissuasive pour les gros consommateurs : « Le tarif de l’eau est multiplié par dix si le seuil de 10 000 m³ annuel est dépassé. » « Nous protestons contre le rassurisme de la commune », résume Rémy Petit. Si le collectif Canéjan en transition n’est pas satisfait de la réponse qui doit lui être apportée par la Ville, celui-ci pourrait déposer son recours au tribunal administratif.