ALAIN JOCARD / AFP
La députée insoumise Clémence guetté et son collègue socialiste Olivier Faure n’analysent pas le résultat de la présidentielle chilienne de la même façon. (Photo by Alain JOCARD / AFP)
Ultraconservateur, admirateur de Pinochet… Le nouveau président du Chili José Antonio Kast, élu ce dimanche 14 décembre, a tout pour hérisser les poils de la gauche française. Et pourtant, c’est surtout la défaite de sa rivale de gauche qui a cristallisé les débats, en rélévant les fractures de chaque camp..
José Antonio Kast, candidat de l’extrême droite, l’a emporté avec environ 58 % contre la candidate communiste Jeannette Jara, ex-ministre du Travail du président sortant Gabriel Boric, qui a obtenu 42 %.
Une défaite que la députée insoumise Clémence Guetté a commenté en accusant le « centre gauche » chilien de n’avoir « rien incarné, promis, et tout trahi ». « Elle paye le prix de ses renoncements et de son refus de changer la société », explique-t-elle sur le réseau social X, dans un sous-entendu directement adressé aux socialistes français.
« Vous détestez l’unité »
Une pique peu appréciée du Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure : « À force de vouloir coller un filtre sur la réalité, on finit toujours par dire n’importe quoi pour tenter de discréditer par analogie tout ce qui n’est pas LFI, » lui a-t-il répondu. « La réalité est que Jeannette Jara est communiste, ce qui n’en fait pas une candidate de centre gauche. Et le président Boric dont elle fut la ministre est celui qui a augmenté le salaire minimum, réduit le temps de travail à 40 heures, fait adopter une retraite par répartition. »
Même colère de la part de l’ancienne députée insoumise et franco-chilienne Raquel Garrido : « Si vous détestez l’unité au point de n’utiliser votre énergie principalement que contre la gauche, c’est que vous n’avez rien compris au Chili, à ses combats, à ses blessures », s’agace-t-elle. « Pour l’instant votre bilan personnel ne vous autorise pas à autant de condescendance. Perdre une présidentielle 60%-40% est une perspective que nous cherchons également à éviter en France… », a-t-elle ajouté, dans une référence à peine voilée aux sondages qui promettent à Jean-Luc Mélenchon une lourde défaite en cas de duel face au RN en 2027.
La candidate communiste du camp progressiste
Jeannette Jara est bien issue de l’aile sociale-démocrate du Parti communiste, mais était la candidate de la coalition « Unité pour le Chili », soit le camp progressiste qui rassemble tous les partis allant de la gauche au centre gauche. La militante a remporté la primaire de son camp le 29 juin dernier, à 60 % des suffrages et est ainsi devenue la première communiste à représenter la gauche depuis le retour de la démocratie dans le pays.
Par ailleurs, si Olivier Faure souligne les avancées sociales réalisées par le président sortant de gauche Gabriel Boric, reste que ce dernier laisse un pays marqué par de très fortes inégalités sociales et une croissante stagnante. Comme le rapporte Les Échos, quatre ans après son élection, 62 % de la population avait une opinion négative du président. Un président qui avait été, par ailleurs, soutenu par La France insoumise au moment de son élection.