Vous ne vous en êtes peut-être pas rendu compte, mais en 2025, un jour sur deux était anormal. Il a fait trop chaud. Durant la moitié de l’année, en France métropolitaine, le thermomètre affichait une valeur au-dessus des normales de saison. Et une température moyenne estimée à environ 14 degrés a été enregistrée ces douze derniers mois, révèle Météo France, lundi 15 décembre, dans son bilan provisoire annuel – qui reste à confirmer avec les deux dernières semaines de l’année. C’est un degré de trop par rapport aux années de référence 1991-2020, pourtant déjà «réchauffées».
«L’année 2025 se classe au quatrième ou au troisième rang des années les plus chaudes jamais enregistrées en France depuis le début des mesures en 1900», indique la présidente de l’organisme public, Virginie Schwarz. Fait notable, en s’insérant dans le peloton de tête, 2025 fait sortir l’année 2003 du top 10. Résultat : les dix années les plus chaudes dans l’Hexagone sont désormais postérieures à 2010, signe manifeste du réchauffement climatique en cours. Par ailleurs, au niveau mondial, 2025 devrait être la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée, quasiment au même niveau que le record de 2023, selon les données de l’observatoire européen Copernicus.
Comment s’est traduit cet excès de chaleur ? D’abord par de nombreux records battus au cours de divers épisodes exceptionnellement chauds – souvenez-vous des 30 degrés franchis le 1er mai, ainsi qu’à la mi-novembre ou de ce mois de juin caniculaire, avec une anomalie de + 3,3 degrés. En tout, un tiers du territoire métropolitain a atteint des températures inédites, de jour ou de nuit. Autre donnée particulièrement parlante : les records de chaleur ont été dix fois plus nombreux que ceux de froid. Or, sans réchauffement climatique, «on enregistrerait autant de records chauds que froids», rappelle Virginie Schwarz. Elle appuie : «Au total, sur l’année, un jour sur deux a enregistré une température au-dessus de la normale, contre un jour sur cinq en dessous.» Là encore, une marque nette de l’évolution du climat.
Pourtant, de manière générale, 2025 n’a plus rien d’exceptionnel. Ces douze derniers mois ont connu des précipitations proches de la normale – rien à voir avec l’année 2024, particulièrement pluvieuse et grisâtre. Il y a eu très légèrement plus d’ensoleillement que l’an dernier : + 5 % par rapport à la normale (hormis pour ceux vivant dans la moitié nord du pays, qui ont connu + 10 % à + 15 % de soleil).
La sécheresse, elle, a touché 30 % des sols français durant quatre mois (de mai à août), faisant de l’été 2025 un «épisode classique» dans notre climat réchauffé actuel. Les incendies ont brûlé 30 000 hectares de forêts : c’est deux fois plus que la moyenne de 14 000 hectares enregistrée entre 2006 et 2021, mais beaucoup moins que les 69 000 hectares partis en fumée en 2022. Côté enneigement, «l’hiver 2024-2025 s’inscrit dans la continuité des hivers précédents, avec un manteau neigeux déficitaire quels que soient les massifs et l’altitude», résume Virginie Schwarz.
En clair, avec ses deux canicules, le seuil des 40 degrés franchi à une trentaine de reprises, ses tempêtes mortelles et ses crues dévastatrices, l’année 2025 va devenir la norme voire sera perçue comme une partie de plaisir dans un climat qui se réchauffe sans cesse. En 2050, dans une France à + 2,7 degrés, les 14 degrés annuels «seraient fréquemment dépassés» – la moyenne attendue est de 14,3 degrés. A horizon 2100, si l’on atteint les + 4 degrés, 2025 «correspondrait plutôt au niveau des années les plus fraîches», prévient Météo France. La température moyenne annuelle serait plutôt de 15,6 degrés. Avec toutes les conséquences que cela implique : de l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes aux canicules à rallonge et plus fréquentes.