Noël, cette période parfaite pour se poser à l’opéra devant l’équivalent de ces films vus et revus à la télé dans la période, un Love Actually plutôt tragique : La Bohème , de Puccini. Il manque juste la possibilité d’avoir un pot de glace sous la main pour savourer ce plaisir régressif.

L’opéra sait ce qu’il fait d’ailleurs en programmant cette œuvre à cette période : les salles sont combles de haut en bas. N’a-t-on pas vu ce dimanche un homme tenir, à l’entrée de l’opéra, un papier avec les mots « Recherche place » inscrits dessus ? La Bohème , opéra-star, œuvre convoitée…

Mis à part le sapin illuminé de la place Stanislas, pris en photo depuis le foyer à l’entracte, qu’est-ce qui attire autant dans un spectacle où une femme meurt de maladie à la fin (on ne divulgâche rien, l’intrigue est archi connue) ? Sans doute y a-t-il cette idée de pleurer sur la sublime musique de Puccini. Il faut avoir un cœur de pierre pour ne pas sentir une larme monter quand Mimi (Lucie Peyramaure, déjà vue à deux reprises à Nancy) exhale son dernier soupir : son amant, Rodolfo (Angel Romero) retrouvé à la dernière minute ne veut pas y croire – et on y croit qu’il n’y croit pas.

Du Noël dans l’air

À la baguette, Marta Gardolinska dirige là sa dernière œuvre en tant que directrice musicale de l’opéra, dans une mise en scène sage et honnête de David Geselson. Les costumes sont d’époque, le décor est d’un froid de saison et on entend les prémices de 1848 dans cette drôle de période.

Mais il y a cette scène incroyable dans un café. Le chœur de Nancy est renforcé par celui de Dijon. Cela arrive de tous les côtés, par la scène, par la salle. Étourdi comme ces amants d’un premier soir, on ne sait plus où donner de la tête, ni des oreilles. Cela chante et il y a du Noël dans l’air.

C’est peut-être ça, la magie de cette Bohème , qui fait venir les spectateurs après avoir fait leurs courses, appréciant de goûter ces « tubes » qu’ils connaissent : une folie qui emporte pendant quelques heures, loin de ce monde, de l’amour à faire frissonner la peau, de l’humour aussi et du rêve, à en dormir, à en mourir.

Opéra de Nancy-Lorraine. Les 17, 19 et 23 décembre à 20 h, le 21 à 15 h.