Par
Glenn Gillet
Publié le
15 déc. 2025 à 20h04
Son trait est assuré, son regard concentré. Alia Green fait glisser ses marqueurs de peinture sur la vitrine de la boulangerie Mimo the baker, installée sur la très passante rue des Petits-Carreaux qui se prolonge sur la rue Montorgueil, dans le 2e arrondissement de Paris. Objectif du jour : réaliser une fresque représentant Mimo, l’oiseau mascotte de l’établissement, dans un décor fleurant bon l’esprit de l’hiver et des fêtes de fin d’année. Cela fait à peine deux mois qu’Alia, 24 ans, a lancé son auto-entreprise, mais les commandes de commerçants affluent, dopées notamment par des vidéos partagées sur les réseaux sociaux. « Les gens sont beaucoup plus attirés par une vitrine bien décorée », vante-t-elle.
Des œuvres qui résistent aux éléments pendant plusieurs mois
Sa recette : des créations modernes peintes à la main au feutre Posca et personnalisées selon les demandes des commerçants chez qui elle intervient. Une fois le dessin préparatoire validé, c’est le moment de peindre directement sur les vitrines. Alia est aussi appliquée que perfectionniste et lorsqu’une courbure ne lui convient pas, elle n’hésite pas à effacer au moyen d’un chiffon et d’un spray mélangeant eau et produit à vitres. Une fois sèches, ses œuvres résistent à la pluie et peuvent rester intactes pendant au moins deux mois. « À partir du troisième mois ça commence à partir petit à petit », précise-t-elle.
Recouvrir les deux vitres de Mimo the baker lui aura au final pris 45 minutes. Une prestation pour laquelle elle a été rémunérée 150 euros, pour cette surface plutôt petite comparée à la moyenne de celles sur lesquelles elle a eu l’occasion de travailler par le passé. Jusqu’ici, Alia a embelli 15 vitrines parisiennes : commerces de bouche, bijouterie, caviste, magasins pop-ups… Et les commandes affluent, au point que la jeune femme a dû arrêter d’en prendre jusqu’à début 2026.
Alia, 24 ans, rencontre un succès fou auprès des commerçants parisiens avec ses dessins au Posca sur les vitrines #paris #commerce #noel #dessin #posca
Il faut dire que, poussée par une amie, elle a commencé à se filmer pendant son travail et à publier les vidéos sur TikTok et Instagram. Plusieurs d’entre elles ont rencontré un grand succès et cumulent aujourd’hui des dizaines de milliers de vues, attirant l’œil de commerçants désireux de donner un air de fêtes à leur devanture. « Quand je suis tombée dessus, j’ai trouvé que ce qu’elle faisait était tellement beau que je l’ai contactée », confie Olive Mircevski, la gérante de Mimo the baker.
Un apprentissage du dessin sur le tard
Alia ne s’attendait pas à rencontrer un tel succès. Elle se souvient d’avoir été une enfant très frustrée de ne pas réussir à dessiner aussi bien qu’elle le voulait. Mais tout a changé lorsqu’elle s’est mise, il y a deux ans, à faire de l’aquarelle « presque tous les jours ». À force de reproduire des œuvres en peinture, sa technique s’est affinée. En parallèle, elle tente un jour de décorer sa fenêtre au Posca pour les fêtes et le résultat lui plaît.
Elle propose ensuite à sa patronne de la Boulangerie du Sentier, l’établissement dans lequel elle travaille, de peindre la grande vitrine, pour un prix bien inférieur à celui proposé par la personne habituellement chargée de la décoration. Ravie, la gérante lui commande régulièrement des peintures par la suite, notamment à l’occasion des fêtes juives.
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Alia devant la Boulangerie du Sentier, dont elle continue régulièrement de décorer la vitrine. (©GG/actu Paris)
« Paris, c’est une ville où les gens ont quand même pas mal d’argent et où les commerces accordent beaucoup d’importance à leur aspect extérieur, à leur ‘direction artistique’, pour attirer les clients. Je suis sûre que ce que je fais, ça n’aurait jamais marché dans le village de mes parents », sourit-elle.
Originaire d’une commune proche de Marmande, dans le Lot-et-Garonne, la jeune femme est arrivée à Paris il y a deux ans, une fois diplômée d’une école de danse de Toulouse où elle s’est spécialisée en danse urbaine. Elle a choisi de monter à la capitale, où « tout se passe », pour travailler dans ce domaine. Dans ce contexte, même si elle apprécie le succès de son activité de peinture pour les commerçants parisiens, elle reconnaît qu’elle « vibre » moins quand elle peint que quand elle danse. Elle confie que « quand la danse, ça marchera bien, j’arrêterai sûrement d’en faire ou alors je choisirai surtout des projets que je trouve particulièrement intéressants ».
D’ici là, elle espère réussir à garder son succès auprès des commerçants parisiens après les fêtes de fin d’année, en leur proposant des œuvres pour marquer des moments spéciaux comme le passage des saisons ou des fêtes religieuses.
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