Après des décennies d’industrialisation et d’abandon progressif des cultures, la vallée du Gapeau voit renaître son ambition agricole. Portée par les ressources naturelles que sont l’eau et le soleil, la terre locale s’apprête à retrouver toute sa vigueur, sous l’impulsion des élus communautaires grâce à une zone agricole protégée (ZAP).

L’appel de la terre

Au XXe siècle, l’essor du tourisme balnéaire et l’exode rural ont accéléré l’urbanisation galopante, grignotant peu à peu les terres agricoles. Mais aujourd’hui, face aux enjeux environnementaux, une nouvelle dynamique émerge. Le développement durable, l’attrait pour l’agriculture biologique et les circuits courts remettent à l’honneur les productions locales. Fruits et légumes du terroir font leur grand retour sur les marchés, dans les fermes et jusque dans les cantines scolaires.

Protéger pour mieux cultiver

Consciente de cet enjeu, la communauté de communes de la Vallée du Gapeau a lancé un projet ambitieux: renforcer la protection des terres agricoles à travers la création d’une zone agricole protégée. La réflexion collective engagée en 2023s’est traduite par la délimitation de trois ZAP qui concernent Solliès-Pont (la plaine), La Farlède (la zone nature) et Solliès-Ville (les Selves). Cette initiative, adossée aux plans locaux d’urbanisme et soutenue par une servitude d’utilité publique, vise à sanctuariser les parcelles pour garantir leur vocation agricole sur le long terme. Un choix fort, qui interdit toute spéculation foncière et favorise l’installation de nouveaux exploitants à des coûts abordables.

Une ambition territoriale

Ce retour à la terre s’inscrit dans le cadre du projet alimentaire territorial (PAT), soutenu par le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER). L’objectif est clair: relocaliser l’agriculture et l’alimentation en favorisant les circuits courts, les produits de saison et l’autonomie alimentaire. Actuellement, des études sont en cours pour déterminer le potentiel alimentaire des terrains en jachère et permettre la mise en œuvre des moyens nécessaires à une reconquête.

À ce jour, la zone agricole de la vallée représente près de 1.300 hectares (dont 165ha en friche). Une surface précieuse à préserver pour relever les défis de demain. Reste toutefois une inconnue de taille: la gestion de l’eau dans les années à venir, ressource vitale pour que la renaissance agricole puisse réellement s’épanouir.

Le règne de la figue

Dans le bassin versant du Gapeau, un fruit venu d’Orient s’est imposé comme un emblème : la figue. Grâce à des conditions naturelles idéales et au savoir-faire des producteurs locaux, ce petit fruit a su conquérir ses lettres de noblesse. En 2006, la figue de la région obtenait l’Appellation d’origine contrôlée (AOC), suivie en 2011 de l’Appellation d’origine protégée (AOP), gages de qualité et de reconnaissance européenne.

Chaque année, près de 900 tonnes de figues quittent les vergers du périmètre, dont 500 tonnes certifiées AOP, expédiées sous la houlette de la Copsolfruit, une coopérative regroupant une centaine de producteurs. À ces chiffres viennent s’ajouter les récoltes réalisées par les exploitants indépendants, confirmant le dynamisme de la filière.

Mais la renaissance agricole du territoire ne s’arrête pas à la figue. Vigne, maraîchage, horticulture, olive et élevage participent également à cette dynamique de reconquête. Les agriculteurs en activité disposent d’opportunités pour étendre leur exploitation, tandis qu’une nouvelle génération de jeunes agriculteurs arrive sur le marché.