Deux mois après l’invasion russe [de l’Ukraine], les premiers missiles antichars envoyés par le Royaume-Uni arrivaient déjà sur le front de Kharkiv, la deuxième ville du pays. Une petite crapule ukrainienne, à l’uniforme noir et au sourire roublard, proposait alors ses services aux journalistes, moyennant rémunération. Un jour, il a ouvert en grand la portière arrière de sa voiture : un NLAW flambant neuf s’étalait sur toute la banquette. Un de ces missiles antichars portables, cruciaux pour stopper les blindés russes. Personne ne sait à qui il l’a vendu. Mais, sur le marché, les prix oscillent entre 25 000 et 34 000 euros environ.
Chaque conflit charrie son lot de profiteurs, qui jouent avec la vie des soldats sur le front. Et après trois ans et demi de bombes et de sang, la “guerre corrompue” en plein cœur de l’Europe concerne également le matériel militaire occidental. Le ministère de l’Intérieur ukrainien confirme que, depuis février 2022, près d’un demi-million d’armes portatives ont disparu des radars. Et ce n’est pas tout : le ministère de la Défense a évalué le coût des armes et munitions défectueuses ou jamais livrées à 660 millions d’euros.
Marché noir
“Dans les conflits récents, de la dislocation de la Yougoslavie à l’Afghanistan, et même avant avec la dissolution de