La Commission européenne a proposé mardi (16.12.25) des modifications à la réglementation interdisant les nouveaux moteurs à combustion interne à partir de 2035. Cette proposition fait suite aux pressions des gouvernements et des constructeurs automobiles en difficulté.

Les constructeurs pourront continuer à vendre une part limitée de voitures neuves équipées de moteurs thermiques ou hybrides, sous réserve de respecter de multiples conditions, notamment de compenser les émissions de CO2 qui découleront de ces « flexibilités », a précisé la Commission européenne.

En assouplissant l’objectif pour 2035, l’Union européenne ne renonce pas à ses ambitions climatiques, mais adopte une approche « pragmatique » face aux difficultés rencontrées par l’industrie automobile, a défendu le commissaire européen Stéphane Séjourné, qui a piloté ce plan.

Avec cette mesure, l’UE est sur le « bon chemin », a approuvé le chancelier allemand Friedrich Merz.

Le chancelier allemand Friedrich Merz a mené les arguments contre l’interdiction, invoquant la faible demande de véhicules électriques (VE) en Europe et la domination des constructeurs automobiles chinois dans le secteur des VE.

« Signal clair » en provenance de Berlin

Selon Friedrich Merz, le revirement de Bruxelles fait suite à un « signal clair » envoyé par Berlin.

« Une plus grande ouverture à la technologie et une plus grande flexibilité sont les mesures appropriées à prendre afin de mieux aligner les objectifs climatiques, les réalités du marché, les entreprises et les emplois », a déclaré Friedrich Merz mardi.

Friedrich Merz a salué cette proposition de la Commission européenne comme un pas dans la bonne direction<span class="copyright">Florian Gaertner/IMAGO</span>

Friedrich Merz a salué cette proposition de la Commission européenne comme un pas dans la bonne directionFlorian Gaertner/IMAGO

La proposition prévoit une réduction maximale de 90% des émissions par rapport aux niveaux de 2021, au lieu de 100%, les 10% restants étant « compensés » de différentes manières.

L’UE a déclaré que cette flexibilité favorisera le développement de différentes technologies qui, sans être zéro émission, s’en approchent.

« Cela permettra aux véhicules hybrides rechargeables, aux prolongateurs d’autonomie, aux hybrides légers et aux véhicules à moteur à combustion interne de continuer à jouer un rôle après 2035, en plus des véhicules entièrement électriques (VE) et à hydrogène », indique un communiqué.

Une capitulation

L’interdiction de vendre des voitures à moteur thermique ou hybride à partir de 2035 était une mesure emblématique du grand « Pacte vert européen », pour aider l’UE à tenir son engagement d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Mais l’Europe, face à la concurrence de la Chine et aux tensions commerciales avec les Etats-Unis, a déjà repoussé ou élagué ces derniers mois plusieurs mesures environnementales, dans un virage pro-business assumé.

Friedrich Merz a déclaré que la promotion des nouvelles technologies et la suppression des « formalités administratives supplémentaires » devraient être les priorités absolues de la réglementation européenne en matière d’émissions.

Alors que les constructeurs automobiles allemands continuent de connaître des difficultés, Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen, a déclaré qu’il s’agissait d’une mesure « pragmatique » visant à « ouvrir le marché aux véhicules à moteur à combustion tout en compensant les émissions ».

L’ONG Environmental Action Germany a déploré « une capitulation face aux constructeurs allemands de moteurs à combustion qui ignorent les questions climatiques ». La proposition doit encore être approuvée par le Parlement européen et les Etats membres