« Ras-le-bol, incompréhension, colère, fatigue morale… ». Les adhérents de la CAPEB (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) n’y vont pas par quatre chemins pour évoquer leur vécu face à « l’instabilité et l’inefficacité de dispositifs censés soutenir notre activité, mais qui au final nous freine ».
Trois sujets brûlants : MaPrim’Rénov, le REP (La Responsabilité élargie du producteur) et le statut des micro-entreprises. Forte de ses 60 000 adhérents au niveau national (dont 9 000 en région Auvergne-Rhône-Alpes et 800 dans la Loire), la Capeb veut d’abord alerter les pouvoirs publics avant le vote du budget 2026.
« On a formé nos personnels et les politiques changent »
« Si nous ne sommes pas entendus, nous allons durcir nos actions, fin janvier-début février », annonce Adrien Dessailly.
Concernant MaPrimRénov’, les artisans du bâtiment se mobilisent depuis l’été dernier. « Arrêt brutal annoncé en juin, reprise en septembre, mais avec un nombre de dossiers limités, des règles qui varient. On va même jusqu’à supprimer l’isolation des murs et les chaudières biomasse au 1ᵉʳ janvier 2026. C’est en contradiction totale avec le postulat de départ, à savoir régler le problème des passoires thermiques ».
Il ajoute : « On nous a demandé de nous préparer pour pouvoir être prêts et lancer de nombreux chantiers de rénovation au moment du lancement de la prime. On a formé nos personnels et les politiques changent les règles. On sait que 80 % des ménages ne feront pas ces travaux s’ils n’ont pas accès à la prime ».
Les points de collecte des déchets pas assez nombreux
Autre sujet de mécontentement, la filière inadaptée de gestion des déchets de chantier : « La REP (responsabilité élargie des producteurs) devait simplifier la gestion de ces déchets et rendre gratuite leur collecte. Nous payons une éco-contribution sur les matériaux achetés pour ça. On a perdu une énergie folle sur ce dossier et rien ce qui a été annoncé ne fonctionne ».
Il dénonce : « Le maillage de point de collectes n’est pas suffisant. Les collectivités ne nous ouvrent pas leurs déchetteries, alors que le plus souvent les déchets apportés sont ceux de nos clients. S’ils l’apportaient eux-mêmes, ce serait gratuit ». La Capeb souhaite mettre à jour une carte des points de collecte efficace, avec des règles simples et identiques sur le territoire.
Dernier sujet : le statut de la micro-entreprise. Adrien Dessailly s’inquiète : « Ce régime nourrit la précarité de celui qui le choisit. Il est aussi, dans le bâtiment, une source d’iniquité fiscale de plus en plus difficile à accepter dans un contexte économique dégradé ». La Capeb réclame donc un seuil de TVA à 25 000 € et un statut limité à deux ans.