Par

Lisa Rodrigues

Publié le

17 déc. 2025 à 17h21

Une dizaine de tracteurs et une soixantaine d’agriculteurs au plus fort de la matinée pour la première action paysanne d’ampleur aux portes de Grenoble en Isère, mercredi 17 décembre. À l’appel de la Confédération paysanne, agriculteurs syndiqués ou non du Voironnais jusqu’à la Matheysine ont répondu présents sur le rond-point de Voreppe, à la jonction entre la route de Lyon et de Voiron, pour une opération tractage et barrage filtrant.
Leurs demandes mêlent rejet des accords de libre-échange – notamment celui du Mercosur – et surtout un appel à revenir sur l’abattage systématique de l’ensemble du troupeau en cas de détection d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse, maladie qui touche les bovins.

Oui à la vaccination

Pierre Berthet, membre du syndicat, a son exploitation à quelques kilomètres de Voiron. Lui a pu faire vacciner ses vaches, après avoir été en zone réglementée cet été. « Ça nous rassure, mais la vaccination n’interdit pas l’abattage total pour autant : vos bêtes peuvent être vaccinées, mais avoir attrapé le virus avant. »

Une dizaine de tracteurs et jusqu'à une soixantaine d'agriculteurs isérois ont mené la première action du monde agricole en entrée d'agglomération de Grenoble, mercredi 17 décembre. Leurs principales revendications concernent les mesures décidées par le gouvernement contre la dermatose nodulaire contagieuse.
Une dizaine de tracteurs et jusqu’à une soixantaine d’agriculteurs isérois ont mené la première action du monde agricole en entrée d’agglomération de Grenoble, mercredi 17 décembre. Leurs principales revendications concernent les mesures décidées par le gouvernement contre la dermatose nodulaire contagieuse. (©Lisa Rodrigues / actu Grenoble)

Une peur chez des éleveurs isérois que constate également Maud Charat, élue à la Chambre d’agriculture de l’Isère et membre du conseil d’administration de la Confédération Paysanne 38.

On est à plus de deux mois de vaccination pour les zones concernées. On peut dire que nos troupeaux vaccinés sont hors d’atteinte, mais pour les collègues en zone indemne, c’est flippant, ils ont peur que ça revienne.

Maud Charat
Élue à la Chambre d’agriculture de l’Isère et membre de la Confédération Paysanne 38

Car si le virus est parti des deux Savoie pour arriver dans l’Ain, le Jura, le Rhône ou dans le Sud-Ouest, c’est notamment à cause des transports d’animaux d’une région à l’autre. « C’est contrôlé, mais on a bien vu que ce n’est pas infaillible, souffle Maud Charat. Il y en a qui n’ont pas joué le jeu. Si ça arrive aux gros foyers d’élevage dans le Limousin, en Bretagne ou en Normandie, ça va être une autre paire de manches ! »

@actufrgrenoble

🚜 Après une opération escargot sur l’A43, les agriculteurs isérois ont occupé un rond-point à Voreppe, près de Grenoble, mercredi 17 décembre. À l’initiative de la Confédération paysanne, une soixantaine de paysans a tenu un barrage filtrant 🚗🚙 #actu #foru #pourtoi #agri #agriculteur

♬ Inspire – Bensound

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« Nos vaches sont des êtres vivants »

En revanche, hors de question de continuer à réaliser les abattages des troupeaux dans leur entièreté, comme cela a été le cas récemment dans le Sud-Ouest, point de départ de l’actuelle vague de manifestations agricoles en France.

« Qu’on abatte les bêtes qui en ont besoin, qui souffrent parce qu’elles sont malades, oui, mais pas les bêtes saines, plaide Pierre Berthet. Nos vaches sont des êtres vivants. C’est inadmissible de tuer pour mettre à la poubelle des animaux sains. »

Mieux connaître la maladie

D’autant que d’après lui, la maladie « n’est pas plus problématique qu’une autre ». Elle est certes relativement nouvelle sur le sol français, mais elle est présente depuis des années dans les pays de l’Est ou en Afrique. 

L’éleveur isérois plaide ainsi pour des « fermes expérimentales », pour étudier davantage la maladie. « De ce qu’on sait dans 95% des cas, la vache va vivre avec cette maladie sans aucun problème. C’est mortel, a priori, sur moins de 5% du troupeau. »

Et de citer le cas d’une ferme en Savoie, où l’un des premiers foyers a été détecté cet été. Sur les 83 vaches mises en sécurité dans un endroit surveillé et ventilé – sans mouches ou taons, vecteurs de la dermatose nodulaire – deux ont effectivement été malades, avant d’aller mieux quelques jours plus tard.

« L’éleveur a fini par dire qu’il ne s’opposait plus à l’abattage de son troupeau, tellement il avait de pression de la part des autorités sanitaires et politiques, soupire Pierre Berthet. L’éleveur aujourd’hui, il n’a pas peur de cette maladie, il a peur de l’État qui veut tuer l’ensemble de son troupeau. »

Peut-être d’autres actions à venir

L’opération barrage filtrant sur le rond-point doit durer une grande partie de la journée de mercredi. « On n’a pas prévu de rester ce soir« , confirme Maud Charat.

Une partie des agriculteurs va ensuite se rendre jeudi à Lyon, pour le grand rassemblement régional de la Confédération paysanne.

Et pour la suite en Isère ? « On avisera, continue la porte-parole syndicale. On attend de savoir ce qu’il va se passer au gouvernement, s’ils vont nous entendre un peu ou s’ils vont continuer à suivre le syndicat majoritaire » la FNSEA, qui soutient l’abattage et qui va manifester mercredi soir dans le centre-ville de Grenoble… contre le Mercosur.

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