Washington accentue encore la pression sur le Venezuela. Le président Donald Trump, engagé dans un bras de fer contre le régime du président Nicolás Maduro, a annoncé, mardi 16 décembre, dans un message sur son réseau Truth Social, un « blocus total et complet de tous les pétroliers sanctionnés entrant et sortant du Venezuela ». Les conditions précises de ce blocus restaient encore floues, mercredi 17 décembre.
Le président Trump ajoute avoir désigné le régime vénézuélien comme « organisation terroriste étrangère », lui reprochant d’avoir « volé des champs pétroliers » pour se financer, tout en l’accusant de terrorisme, de narcotrafic et de trafic d’êtres humains. Enfin, il affirme que le « Venezuela est complètement encerclé par la plus grande armada jamais rassemblée de l’histoire de l’Amérique du Sud ». Il prévient qu’elle va continuer de grossir jusqu’à ce que le Venezuela « restitue aux États-Unis d’Amérique tout le pétrole, les terres et les autres biens qu’ils nous ont volés ». Une référence probable aux nationalisations menées sous la présidence d’Hugo Chavez, qui a dirigé le Venezuela de 1999 jusqu’à sa mort en 2013, Nicolás Maduro lui succédant alors.
D’après le site spécialisé TankerTrackers, « seulement 40% de la flotte fantôme qui dessert le Venezuela est sous sanctions américaines ». Quelques 53 navires ont été désignés dans le cadre de sanctions contre le Venezuela. La compagnie pétrolière publique vénézuélienne PDVSA confrontée lundi à une cyberattaque qui a perturbé les livraisons dans ses terminaux, a cependant affirmé mercredi que « les opérations d’exportation de pétrole brut et de produits dérivés se déroulent normalement. Les pétroliers continuent de naviguer en toute sécurité ». Mais TankerTrackers a observé que depuis quelques jours, avant même l’annonce du blocus américain, plusieurs grands pétroliers (VLCC) se sont détournés du Venezuela, même s’ils ne sont pas sur les listes officielles de navires sanctionnés. Par ailleurs, quelques 11 millions de barils seraient bloqués à bord de navires dans les eaux vénézuéliennes. Seuls les pétroliers affrétés par Chevron desservant les États-Unis opéreraient encore.
Ce blocus et ces menaces interviennent après la saisie, la semaine dernière, du pétrolier Skipper chargé d’1.85 million de barils de brut vénézuélien, qui croisait dans la mer des Caraïbes. Ce navire, accusé de contrebande pour le compte des Gardiens de la Révolution iraniens et du Hezbollah libanais, était sous sanctions du Trésor américain depuis 2022. Le ministère des Affaires étrangères du Venezuela a dénoncé un « acte de piraterie internationale ». Les autorités de Caracas accusent les États-Unis de vouloir faire main basse sur les réserves de brut, parmi les plus importantes au monde. Le pays est soumis à un embargo. Il exporte son brut à des prix bas sur le marché noir vers la Chine.
Par ailleurs, depuis le début du mois de septembre, les États-Unis ont mené 25 frappes contre des bateaux accusés de narcotrafic, sans que la preuve en soit apportée, tuant 95 personnes. Ces frappes font l’objet de vives critiques sur leur légalité. Loin de se tarir, elles ont encore été renforcées par des révélations du Washington Post sur la première frappe contre ces bateaux, survenue le 2 septembre. Dans ce cas précis, deux des onze personnes à bord ont survécu à la frappe d’un missile, et s’étaient réfugiées sur les débris de l’épave. Mais, sur ordre du ministre de la Défense, Pete Hegseth, une seconde frappe est venue s’assurer qu’il n’y ait aucun survivant, d’après le journal américain.
A ces frappes s’ajoutent une présence accrue des forces américaines en mer des Caraïbes. En novembre, l’US Navy y a déployé le groupe aéronaval du porte-avions USS Gerald R. Ford. Autour de ce bâtiment, on retrouve une escorte de trois destroyers de type Arleigh Burke, les USS Bainbridge, USS Mahan et USS Winston S. Churchill, ainsi qu’au moins un sous-marin probablement. Sur place, se trouvait déjà un groupe amphibie constitué autour du porte-hélicoptères d’assaut USS Iwo Jima et les transports de chalands de débarquement USS Fort Lauderdale et USS San Antonio. Avec en plus les croiseurs de classe Ticonderoga USS Lake Erie et USS Gettysburg, deux autres Arleigh Burke, les USS Stockdale et USS Gravely, ainsi que le LCS USS Wichita.
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