• Ursula von der Leyen a informé les dirigeants des Vingt-Sept du report à janvier de la signature de l’accord commercial entre l’UE et des pays du Mercosur.
  • La présidente de la Commission européenne s’est dite « confiante » de parvenir à signer cet accord commercial.
  • Emmanuel Macron s’est félicité dans la nuit du report de cette décision.

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Dermatose nodulaire, Mercosur : les agriculteurs mobilisés

La pression de la France et de l’Italie semble avoir payé. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a informé les dirigeants des Vingt-Sept, réunis à Bruxelles jeudi 18 décembre, du report à janvier 2026 de la signature de l’accord commercial entre l’UE et des pays du Mercosur. Ursula von der Leyen espérait parapher ce traité de libre-échange ce samedi, lors du sommet du Mercosur dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle avait besoin au préalable de l’aval d’une majorité qualifiée d’États membres à Bruxelles, ce qu’elle n’a pas obtenu en raison en particulier de l’opposition de la France et de l’Italie, sur fond de mobilisation agricole contre la dermatose nodulaire contagieuse. Ursula von der Leyen, s’est dite tout de même ce vendredi « confiante » de parvenir à signer l’accord commercial avec les pays du Mercosur en janvier prochain.

Emmanuel Macron s’est félicité dans la nuit de jeudi à vendredi du report de toute décision sur cet accord commercial, tout en se montrant prudent. Il a demandé que les « avancées » réclamées par la France se concrétisent afin que « le texte change de nature ». « Avec l’Italie, la Pologne, l’Irlande et plusieurs autres partenaires, nous avons demandé en parallèle que la Commission apporte des garanties sur le maintien des revenus de nos agriculteurs dans la future PAC (politique agricole commune) du prochain budget pluriannuel de l’Union », a déclaré le président français devant la presse. Un mois, est-ce trop tôt pour que la France ait gain de cause sur ces avancées ? « C’est trop tôt pour vous le dire, je ne le sais pas », a répondu Emmanuel Macron.

Sous pression en France, le chef de l’État a donc remporté à Bruxelles une bataille avec ce report. Un répit fragile qui l’expose dans un mois à une nouvelle flambée de colère agricole. Jeudi, le président français était arrivé dans la matinée sur la défensive comme rarement, lui qui s’affiche volontiers à l’initiative lors des sommets européens. « Je n’aime pas qu’on balade les gens, donc je ne vais pas balader nos agriculteurs », avait-il haussé la voix devant la presse. « Si aujourd’hui il y a une volonté de passage en force », « je vous le dis très clairement, la France s’opposera », « on doit être respectés », avait-t-il martelé jeudi matin.

L’influence de Giorgia Meloni

Au bout d’une journée de conciliabules dans les coulisses du sommet bruxellois, le président français a donc gagné son pari. Mais dans la chorégraphie de cette journée cruciale, c’est la Première ministre italienne Giorgia Meloni, souvent présentée comme une rivale d’Emmanuel Macron sur la scène européenne, qui est apparue comme la clé du dénouement. Le président brésilien Lula, pourtant proche de son homologue français, a publiquement déclaré avoir accepté de transmettre à ses partenaires du Mercosur la demande de report d’un mois formulée par la dirigeante italienne lors d’un appel. Cette ouverture a rebattu les cartes. Et dans la soirée, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a donc annoncé que la signature du traité était reportée à janvier.

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Ce délai supplémentaire est un revers pour la Commission européenne, pour l’Allemagne et pour l’Espagne qui poussaient pour une signature dans les prochains jours. Ce ne sera pas « réglé cette année, mais il semble désormais presque certain que cela va se faire », nuance une source gouvernementale allemande à l’AFP, qui vise une signature « mi-janvier », car l’Italie sera cette fois « à bord ».

La colère des agriculteurs

En marge de ce sommet européen entre chefs d’État et de gouvernement jeudi à Bruxelles, des milliers d’agriculteurs (nouvelle fenêtre) sont venus faire entendre leur colère. Avec pneus en feu, jets de pommes de terre et de projectiles auxquels ont répondu des canons à eau et des tirs de gaz lacrymogènes de la police. 

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La situation a été particulièrement tendue autour des institutions européennes, protégées par un important dispositif policier. Selon la police belge, 7.300 personnes, avec une cinquantaine de tracteurs, ont pris part à la manifestation autorisée, principalement dans le calme. Mais 950 tracteurs supplémentaires s’étaient massés dans le quartier européen, engorgeant plusieurs rues.

Julien CHABROUT avec AFP