Une déclaration de Shabana Mahmood, la ministre de l’Intérieur britannique, donne le ton de la série de réformes du système d’immigration proposées par le gouvernement de Keir Starmer. “S’établir définitivement dans ce pays n’est pas un droit, mais un privilège. Il faut le mériter”, avait lancé Shabana Mahmood devant la Chambre des communes le 29 septembre.

Manifestement, les immigrants qui jouissent de revenus très supérieurs à la moyenne méritent plus que les autres de vivre au Royaume-Uni. Ainsi, “le gouvernement britannique propose une nouvelle procédure rapide d’accès à la résidence permanente qui sera réservée aux personnes à hauts revenus”, rapporte Bloomberg.

Les titulaires d’un visa qui gagnent plus de 125 000 livres (environ 140 000 euros) par an vont pouvoir déposer une demande de permis de séjour illimité (“Indefinite leave to remain” ou ILR) après seulement trois ans passés dans le pays. “Cette voie d’accès rapide à la résidence serait également ouverte aux entrepreneurs titulaires des visas Global Talent et Innovator Founder, tandis que ceux qui perçoivent un salaire compris entre 50 000 et 125 000 livres sterling devraient attendre cinq ans”, précise Bloomberg.

Rassurer la City

Mis sous pression par la montée en puissance du parti populiste Reform UK de Nigel Farage, le Parti travailliste tente d’apaiser les inquiétudes de la population face à l’afflux massif d’immigrants, explique le site d’information.

Les réformes envisagées aujourd’hui prennent notamment le contre-pied des mesures jadis mises en place par Boris Johnson, l’ex-Premier ministre conservateur, pour tenter de compenser l’impact économique du Brexit grâce au recours aux travailleurs immigrés. “D’ici 2030, jusqu’à 2,2 millions de personnes risquent de se trouver éligibles au statut de résidents permanents” – statut qui donne accès aux prestations sociales.

En mai dernier, Kier Starmer s’était engagé à mettre fin à “l’expérience libre circulation” en portant à dix ans de résidence le délai nécessaire pour décrocher le permis de séjour illimité. De quoi inquiéter jusqu’aux employés de la City de Londres, le cœur financier de la capitale britannique.

Comment rendre les règles plus sévères tout en évitant de dissuader les professionnels très qualifiés de venir ou de rester dans le pays ? C’est à cette préoccupation que veut répondre le dispositif annoncé par Shabana Mahmood. Objectif atteint, si l’on en croit la réaction d’un banquier cité par Bloomberg : de crainte de devoir attendre encore des années son titre de séjour permanent, il envisageait de déménager aux États-Unis. Maintenant, il est prêt à renoncer à son projet.