Par

Yann Rivallan

Publié le

19 déc. 2025 à 18h26

Les faits sont « gravissimes », rappelle le président du tribunal de Rouen. Le 21 juillet 2024, un automobiliste fonce à vive allure et en sens inverse sur une voie réservée aux bus du réseau Astuce à Canteleu. Le conducteur roule tellement vite qu’il ne parvient pas à éviter un bus en face de lui. Le choc est violent. Et le bilan est dramatique : l’un des passagers de la voiture est mort. Deux autres passagères et le conducteur sont sérieusement blessés. Après vérification, ce dernier était ivre et son permis de conduire annulé depuis 4 mois. Il était depuis poursuivi, entre autres, pour homicide involontaire.

« Aucun souvenir » de l’accident

Pour Sofiane*, il aura fallu attendre vendredi 19 décembre 2025 pour être jugé. C’est ce jeune homme, âgé de 22 ans, qui était au volant en juillet 2024. Interrogé par le président du tribunal, il explique ne plus avoir « aucun souvenir » de l’accident qui a coûté la vie à « son meilleur ami ». Mais il reconnaît les faits.

Appuyé sur une canne à la barre, il garde des séquelles de la collision. Tout comme ses deux amies, âgées de 23 et 20 ans, qui étaient installées à l’arrière du véhicule. Toutefois, les deux victimes directes, tout comme la famille du passager décédé, n’ont pas souhaité se constituer partie civile. Sofiane explique d’ailleurs être toujours en contact avec toutes ces personnes.

Seule la caisse primaire d’assurance maladie, qui a indemnisé une des passagères, a décidé de se constituer partie civile.

Déjà condamné à quatre reprises

Le président note une certaine « nonchalance » dans le comportement du prévenu à la barre : « On a l’impression que ça vous importe peu. » Pourtant, Sofiane risque gros. Déjà condamné à quatre reprises entre 2021 et 2025, il a « une peine de 3 mois de prison à exécuter [d’une précédente condamnation] », rappelle le président.

Le jour de l’accident, il présentait un taux d’alcool de 0,77 g/L de sang. Il n’était pas sous l’emprise de stupéfiants mais comme vont le confirmer le témoignage du chauffeur du bus et l’exploitation des caméras du réseau Astuce, il roulait excessivement vite. Sans oublier le fait que son permis de conduire avait été annulé 4 mois plus tôt pour un délit routier.

Autant d’éléments qui font dire au procureur de la République qu’une condamnation ferme est justifiée. Il requiert quatre ans de prison, dont 30 mois assortis d’un sursis probatoire. Une condamnation à laquelle il faudra ajouter les trois mois de prison d’une précédente affaire.

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Deux ans de prison

L’avocat de Sofiane demande une indulgence par rapport à l’état de santé de son client. Il constate cette impression de « nonchalance » du jeune homme mais il tient à préciser que ce dernier a fait une dépression et ne s’est « jamais remis » de la disparition de son ami ce jour-là.

Toute sa vie, il devra vivre [avec sa mort] sur la conscience.

L’avocat de la défense

De plus, Sofiane est reconnu handicapé depuis l’accident. « Il ne peut plus utiliser correctement sa jambe gauche », souligne son conseil. Il suit d’ailleurs des séances de rééducation depuis un moment. Face à son état de santé, l’avocat demande une peine aménagée à domicile. « Je ne suis pas sûr que la prison soit compatible », plaide-t-il.

Après en avoir délibéré, le tribunal condamne Sofiane à deux ans de prison, dont un an avec sursis. Il devra passer devant le juge d’application des peines au mois de mars 2026 pour éventuellement aménager sa peine à domicile.

Le tribunal décide également l’annulation de son permis de conduire pour une durée de 3 ans et accepte la constitution de partie civile de la CPAM mais Sofiane n’aura pas à payer de dommages et intérêt en l’absence des victimes directes.

*Le prénom a été modifié

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