Par
Thibault Nadal
Publié le
19 déc. 2025 à 17h18
La fin d’un long calvaire. Ce vendredi 19 décembre 2025, la procédure d’expulsion définitive d’Alain Bétache doit lui être notifiée. Le restaurateur n’a toutefois pas attendu cette date fatidique pour baisser le rideau. Son établissement, « Chez Alain », situé 4 rue de la République dans le 2e arrondissement de Marseille, est en effet fermé depuis la fin du mois d’octobre et une grosse coupure de courant. « J’ai pété un câble et j’ai dit ‘j’arrête’ ». Mais cet événement n’est que le point final d’une situation dégradée depuis de longs mois avec un commerçant étranglé financièrement.
14 800 euros de loyer par mois
En mai dernier, Alain s’était mué en porte-parole des commerçants de la République face aux coûts des loyers, pratiqués par les bailleurs. Au fil des mois, ce Basque d’origine a vu le montant sans cesse grimper. « Les derniers mois, je payais 14 800 euros par mois », avoue-t-il à actu Marseille.
Impossible pour lui d’être rentable dans ces conditions. Alors depuis presque un an, il a fait le choix de ne pas payer son loyer, ce qui lui vaut cette procédure d’expulsion. Aujourd’hui, Alain fait les comptes : « J’ai 197 000 euros de dette en comptant celle déjà présente quand j’ai repris le local », énumère le restaurateur. Il espère qu’elles seront soldées avec la liquidation judiciaire de son entreprise.
Alain a décidé de fermer son #restaurant à Marseille. Il dénonce le montant des loyers pratiqué sur la rue de la République. Une situation qui touche d’autres commerçants. #commerce
« Je n’ai rien gagné dans cette histoire »
Après un an et demi sur la rue de la République, Alain confie avoir « perdu du poids » et se dit « fatigué » après cette période « stressante ». Il dresse surtout un constat froid sur sa situation :
Durant un an, je ne me suis versé aucun salaire. Je n’ai rien gagné dans cette histoire, car je me retrouve endetté, sans restaurant et avec un crédit.
Alain Bétache
Restaurateur à Marseille
« Heureux que ça se termine », Alain se dit néanmoins « déçu » d’avoir vu son « rêve » s’arrêter précipitamment. « J’ai travaillé comme un acharné, mais j’avais toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête », souffle-t-il.
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
S’incrire
« Cette rue ne décollera jamais »
Cette épée de Damoclès, c’est la rue de la République. Longue de deux kilomètres et située entre le Vieux-Port et La Joliette, elle ne fait pourtant plus recette, comme en témoignent les dizaines de locaux vides.
« Cette rue ne décollera jamais tant que les loyers seront exorbitants et qu’aucune action politique concrète ne sera menée », explique l’homme de 39 ans.
Sur ce point, il salue l’initiative de Laurent Lhardit. Le député de PS de Marseille a récemment déposé une proposition de loi à l’Assemblée nationale « visant à soutenir les commerces de proximité ».
Un loyer divisé par cinq dans son nouvel établissement près du Vieux-Port
Alain Bétache suit désormais de manière plus détachée la situation de la rue de la République, mais assure que « le combat est loin d’être fini ».
D’un point de vue personnel, l’homme a retrouvé dès le 11 novembre un nouveau local. Il est le gérant d’un cabaret-bar ouvert seulement la nuit, rue Bailli-de-Suffren. Pourtant idéalement situé, à 50 mètres du Vieux-Port, son loyer est… cinq fois moins cher qu’auparavant. « Je paye 3 200 euros », avoue-t-il.
Cliquez ici pour visualiser le contenu
Pour le moment, son activité n’a pas encore décollé. Il espère recevoir une bonne nouvelle dans les prochaines semaines du côté de la mairie afin de pouvoir créer une terrasse et ainsi ouvrir son établissement la journée.
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.