Par
Rédaction Paris
Publié le
20 déc. 2025 à 7h16
La justice administrative a définitivement fermé la porte. Par un arrêt rendu le 4 octobre 2025, la cour administrative d’appel de Paris a confirmé le retrait de l’agrément d’une assistante familiale employée par le Relais Alésia, une structure de la fondation Droit d’Enfance, qui travaillait pour l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de la Ville de Paris. Une décision lourde de conséquences : sans cet agrément, impossible pour un assistant familial d’accueillir des enfants placés.
Des pratiques professionnelles à l’origine de la perte de l’agrément
L’affaire remonte à novembre 2021, lorsqu’un signalement est adressé à la mairie de Paris par le service d’accueil familial qui l’emploie. Les « pratiques professionnelles » de la salariée ne permettraient plus, selon l’employeur, de « garantir la sécurité, la santé et l’épanouissement des enfants accueillis ». Un an plus tard, en novembre 2022, la Ville retire formellement l’agrément.
Très vite, l’assistante familiale saisit la justice. Dès janvier 2023, elle engage un référé devant le tribunal administratif de Paris, expliquant que la perte de son agrément entraîne une chute brutale de ses revenus, son salaire constituant une part « substantielle » des ressources de son foyer.
Mais le juge rejette sa demande : elle ne fournit aucun document précis sur sa situation financière, ni sur la composition de son foyer, ni sur d’éventuelles allocations perçues. Une première alerte sur la fragilité de son dossier, relevée dans une ordonnance datée du 23 janvier 2023.
L’assistante familiale déclare avoir des « visions »
Au-delà de l’aspect financier, c’est surtout le fond du dossier qui interpelle. Lors de l’instruction menée par les services de l’ASE puis par les juges, plusieurs éléments issus d’évaluations psychologiques sont versés au débat. La requérante déclare à plusieurs reprises avoir des « visions ». Un psychologue la décrit comme « très envahie » par le thème de la sorcellerie, qui « occupe beaucoup de place dans son discours et dans sa pensée ».
Selon ce professionnel, l’assistante familiale explique craindre d’être victime de sortilèges, notamment de la part de la mère de l’enfant confié. Elle affirme « lire beaucoup » sur ces sujets et déclare « voir elle aussi ce que l’enfant voit » : « des gens passer à travers le mur ». Ces propos, consignés dans les comptes rendus d’entretien, inquiètent les services sociaux, d’autant qu’ils concernent un enfant déjà fragilisé par son parcours.
Devant les juges, la requérante produit pourtant un certificat médical émanant d’un psychiatre, indiquant qu’elle ne présente pas de « troubles névrotiques ou d’éléments psychopathiques ». Un document jugé insuffisant pour lever les inquiétudes. Le tribunal relève qu’elle a elle-même affirmé que « la majorité des enfants » qu’elle avait accueillis voyaient des personnes « entrer et sortir des murs ».
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Plus troublant encore, la justice note l’usage de pratiques destinées à « apaiser » l’enfant : immersion dans des bains d’eau salée, prières faites en commun. Des méthodes explicitement mentionnées dans le jugement, qui posent question au regard du cadre strict et laïque de l’accueil familial.
Proximité excessive et logement inadapté
La cour administrative d’appel reprend ces constats et va plus loin. Elle estime que l’assistante familiale a entretenu une « trop grande proximité » avec l’enfant, tant sur le plan matériel qu’affectif, au point de confondre ses propres besoins et son ressenti avec ceux du mineur accueilli. Une posture jugée envahissante, qui ne favorise ni l’autonomie ni la construction de l’enfant.
À ces éléments s’ajoutent des griefs plus concrets. Les services de la Ville de Paris reprochent une organisation du logement inadaptée. Dans ce trois-pièces, l’assistante familiale a accueilli sa fille de 24 ans sans en informer préalablement l’ASE. Celle-ci partage alors sa chambre avec l’enfant placé, dans un espace jugé trop exigu. Un manquement aux règles strictes encadrant l’accueil familial.
Enfin, la cour confirme l’existence d’un « dialogue non réel » avec l’ASE. Malgré une volonté affichée de discuter, l’intéressée aurait refusé toute remise en question de ses pratiques, compliquant le suivi et l’accompagnement par les services sociaux.
L’ancienne assistante familiale dispose désormais d’un ultime recours : saisir le Conseil d’État avant le 24 décembre 2025. Sans garantie de succès.
GF/PressPepper
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