Voici les fictions internationales qui ont le plus fait battre le cœur de la rédaction du Figaro TV Magazine cette année.

On aurait volontiers glissé aussi dans cette liste Querer , Chief Of WarLandmanLe Président foudroyéLes dossiers oubliésThe Beast in MeAlien  ou Lost Boys and Fairies, mais voilà, il faut faire des choix ! Sans ordre de préférence donc, nos dix séries favorites à l’international pour 2025. À voir ou revoir sans modération.

Vrais voisins, faux amis – Apple TV

Une demeure élégante, la nuit. Un homme allongé sur le carrelage retrouve ses esprits. À ses côtés, un corps dans une mare de sang. « Je ne suis pas le genre de gars qui donne dans l’introspection, dit une voix off. Pas le genre non plus qui se réveille dans la maison d’un autre avec un cadavre… » Comment les choses ont-elles pu tourner si mal, si vite ? Son existence défile, success-story, mais un jour le couac. Ou plutôt un enchaînement de couacs. Andrew Cooper, gestionnaire de fonds d’investissement, ne s’est pas remis du départ de sa femme avec son meilleur ami ; ses enfants ados l’ignorent ; il se fait virer par son patron… Son mode de vie plus qu’aisé en prend un coup. Jusqu’au jour où il décide de cambrioler ses voisins et soi-disant amis, honteusement riches, pour payer ses dettes… L’occasion de découvrir également des secrets d’alcôve et bien d’autres choses encore. « Regarde les hommes tomber », laissait entendre le générique de Mad Men, série culte dont Jon Hamm, déjà, était le sombre héros. La chute est ici plus radicale. Sous ses dehors de comédie noire, ironique voire satirique, avec une légèreté accrue par un montage rapide et jouissif, Vrais voisins, faux amis, peinture au vitriol d’une microsociété ultra-friquée, montre une réelle profondeur. Elle pose les bases d’une œuvre forte et émouvante.


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Adolescence – Netflix

Adolescence raconte l’histoire d’un adolescent britannique de 13 ans, Jamie (magnifique Owen Cooper), arrêté un matin dans sa petite ville anglaise et accusé d’avoir poignardé à mort l’une de ses camarades. Des interrogatoires au poste de police à sa confrontation avec une psychologue, chaque épisode tourné en un seul plan-séquence décortique la plongée des enquêteurs dans cette idéologie masculiniste et la manière dont elle a pu influencer le jeune Jamie, ainsi que la sidération de son entourage. Après Thirteen Reasons Why et Sex Education, entre autres séries plébiscitées sur l’adolescence, Netflix a, une fois de plus su trouver le ton juste. Stephen Graham, cocréateur, qui joue le père, est bouleversant ! La série a eu un retentissement international, avec moult retombées sociétales, et l’on s’en réjouit.

Dying for Sex – Disney +

Molly est en pleine séance de thérapie de couple quand son téléphone sonne. Au bout du fil ? Son oncologue, qui l’informe que son cancer du sein est revenu et s’est métastasé dans les os. En phase terminale, Molly a, au mieux, quelques années à vivre. Dès lors, une urgence et un appétit de vivre vertigineux s’emparent de la quadra. Son premier geste ? Quitter son époux, Steve, certes infirmier aux petits soins, mais qui n’a jamais réussi à lui donner du plaisir. Molly entend profiter de sa liberté retrouvée pour explorer sa sexualité et découvrir quels sont ses fantasmes les plus inavoués. Sous les traits de Molly, la prodigieuse Michelle Williams (Les Fabelmans) déploie toute sa délicatesse et son intensité pour mener à bien cette comédie dramatique inspirée d’une histoire vraie. Sans jamais trop se dévêtir (la nudité est laissée à ses partenaires masculins), la comédienne, nommée cinq fois aux Oscars, rend palpable la curiosité, l’émerveillement de son personnage. Molly redécouvre son corps, tout comme son rapport à la mortalité et au temps. Celui-ci réveille en elle des réminiscences, provoque des hallucinations. Tout en faisant naître les rires, Dying for Sex questionne nos conceptions du désir. Maladie et érotisme peuvent coexister.

The Agency – Canal +

The Agency, relecture américaine du Bureau des légendes , se passe dans les locaux londoniens de la CIA. Le côté spectaculaire – la série est un peu moins cérébrale que l’originale – est assumé. À l’image du générique, qui s’ouvre sur un tube rock façon 007 avec une reprise de U2, Love Is Blindness, par Jack White, sur fond de gratte-ciel et jeu de miroirs. Michael Fassbender récupère le rôle phare de Mathieu Kassovitz. L’agent sous couverture, tiraillé entre sa légende et sa véritable identité, ne s’appelle plus « Malotru », mais « Martien ». Il doit répondre de ses actes à ses supérieurs de la CIA, joués par Richard Gere et Jeffrey Wright. Sa maîtresse, pour laquelle il enfreint tous les interdits, est une anthropologue soudanaise à qui Jodie Turner-Smith prête ses traits et sa sérénité apparente. Fassbender multiplie les scènes de conduite sous adrénaline. Sa présence inquiétante, son visage sévère rendent complexe la lecture de ses émotions. Il ment avec une sincérité à fleur de peau tout en jouant la carte de la transparence. Passé l’impression initiale déstabilisante d’un copier-coller scénaristique, on se laisse vite gagner par la curiosité. Les terrains de jeu des espions ont été adaptés et reflètent les conflits géopolitiques actuels.

The Pitt – HBO Max

Durant la pandémie, la série médicale culte Urgences, créée en 1994, a connu une résurgence sur les plateformes de streaming. Les témoignages de soignants au bout du rouleau ont afflué sur la boîte mail de Noah Wyle, l’interprète de l’idéaliste DrCarter. Ils ont convaincu le comédien qu’un état des lieux contemporain s’imposait. Noah Wyle a donc renfilé la blouse blanche et plongé dans le chaos d’un service dégradé, à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Il campe le chef de service Michael Robinavitch, dit Robby – encore meurtri par la mort de son mentor, emporté par le Covid. À l’accueil, les malades attendent sept heures qu’un box se libère. La chef de l’hôpital harcèle son personnel pour faire remonter le score de satisfaction des usagers et les encourage à établir leur diagnostic encore plus vite. Les infirmiers et les aides-soignants sont en sous-effectif. Austère et abrupt mais profondément sincère, The Pitt est l’anti Grey’s Anatomy. Pas d’amourettes et de flirt, ni de musique en fond sonore. La médecine passe avant tout. Les overdoses de fentanyl remplissent les brancards. Une mineure, qui n’a pas le consentement de ses parents, cherche à avorter. Chaque épisode suit en temps réel, à la 24 heures chrono, une heure de la rotation quotidienne de quinze heures. Ce parti pris immersif est le point fort, l’originalité de The Pitt . La saison 2, qui se déroulera lors du long week-end férié du 4 juillet, arrive le 9 janvier.


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Los Anos Nuevos – Arte.tv

Radiographier un couple tous les ans à la même date pour y déceler les failles encore invisibles, les désirs inconscients. Le concept a été tenté avec charme par la comédie romantique de Netflix Un jour  . Le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen (As bestas) tourne le dos aux thrillers qui ont fait sa renommée et reprend l’idée. Sans le moindre mélo, son épopée intime est sensuelle et ravageuse. Le cinéaste choisit le 31 décembre, « nuit de tous les bilans, de tous les possibles en matière de rencontres et de retrouvailles » pour ausculter sur dix ans la complicité amicale et amoureuse d’Ana (Iria del Rio) et Oscar (Francesco Carril). Lorsqu’ils se croisent en 2016, autour du bar qu’elle tient, l’attirance est immédiate entre la jeune femme passionnée et libre et le médecin plus ordinaire, sur la réserve et la mélancolie. Blessé par une rupture récente, l’interne la suit chez des amis qu’il ne connaît pas avant de la ramener chez lui. Pourtant, les étoiles ne s’alignent pas toujours. Tantôt potes, tantôt amants, tantôt en couple, tantôt des ex… Le spectateur, à qui la série tend un miroir sur ses propres cheminements et atermoiements sentimentaux, ne les retrouve jamais là où il les a laissés. À lui d’établir les événements qui ont pu rapprocher ou éloigner le duo entre le 2 janvier et le 30 décembre écoulés au fil des indices laissés dans les dialogues.

Pluribus – Apple TV

Nouveau-Mexique, de nos jours. Carol est autrice de romans populaires et coule une vie sans histoire – sinon celles qu’elle invente – avec son agente et partenaire. Lorsqu’un étrange phénomène se produit, bientôt baptisé « The Joining », ou la fusion des psychés de l’ensemble des populations mondiales en une conscience unique nommée « We » ou « Us ». Une sorte d’entité suprême, universelle, paisible, consensuelle et vertueuse, dans tous les sens du terme. Bien sûr, il y a des dommages collatéraux, dont la compagne de Carol, qui meurt dans d’atroces souffrances. Bien sûr, certains ADN résistent à cette virulente adhésion, dont Carol elle-même, qui part en guerre contre ce nouveau Bien. D’abord, on se dit que cela ne fait aucun sens. Puis on commence d’entrevoir la métaphore : la fin de l’individualité, l’émergence de l’IA, ses probables dérives, les méfaits de la globalisation, le fléau des croyances ridicules, la lente aliénation des esprits par les réseaux sociaux. Pluribus  est aussi intrigant que drôle et magistral. Quant à Rhea Seehorn, après Better Call Saul, elle montre de nouveau l’étendue de son immense talent.

Infidèles – Arte

Au départ était un scénario écrit par Ingmar Bergman, d’après un chapitre douloureux de sa propre existence. La comédienne Liv Uhlmann, qui fut son égérie et sa compagne, s’en empara pour en faire un film sorti il y a vingt-cinq ans. Cette série, Infidèles, est construite sur le même postulat : elle raconte les retrouvailles d’un cinéaste septuagénaire avec celle qui fut la femme de son meilleur ami et l’objet de sa passion. Leur liaison, si éphémère fut-elle, a laissé une empreinte profonde chez elle comme chez lui. Ni remake ni spin-off, la série rend hommage au réalisateur du Septième Sceau et plus encore au sentiment amoureux. Construite entre deux époques, sur le tournage d’un film dans le film – procédé cinématographique cher à Godard, Wilder, Fellini… – et sur différents points de vue, elle explore le désir et son ambivalence. Elle dit le surmoi, l’érotisme, la fragilité, la sublimation et les dommages collatéraux, à travers la présence de la jeune Isabelle, notamment, spectatrice silencieuse de la liaison de sa mère avec cet homme dont elle se rêve la muse. L’enfant jugera plus tard ces adultes qui n’en étaient pas.

Families Like Ours – Canal +

Dans un futur plus proche qu’on l’imagine, l’accélération de la montée du niveau des océans, ajoutée à la faillite financière d’une Europe devenue incapable d’entretenir ses digues et ses barrages, mène le gouvernement danois à décider l’évacuation totale du pays. Le « shutdown » sera définitif. Encore faut-il parvenir à relocaliser les populations. Une gageure dans un monde où les politiques migratoires se sont partout considérablement durcies. Toute première série de Thomas Vinterberg (Drunk…), Families Like Ours  raconte la dislocation du monde rapportée au destin d’un petit pays plutôt bien portant. Comme Years and Years  évoquait trente années de montée de l’extrême droite et des populismes dans l’Angleterre post-Brexit, cette dystopie passionnante, superbement réalisée et interprétée, interroge le statut de migrant par le prisme d’une famille bourgeoise que rien ne prédisposait à se trouver un jour dans une telle situation. Le postulat est sombre. Le réalisme est édifiant. Thomas Vinterberg, connu pour sa clairvoyance et son obsession à explorer les situations anxiogènes et les psychés aux abois, exploite à l’envi les sept épisodes. Une lueur d’espoir pourtant surgit…

Ça : bienvenue à Derry – HBO Max

Cette série ne s’adresse pas seulement aux adeptes de l’univers de Stephen King. Elle s’adresse à tous les amateurs de fantastique : les nostalgiques des premières heures d’un genre rapidement devenu culte, comme les générations Y et Z, toujours en quête de sensations fortes. Cette nouvelle lecture en forme de préquelle, Ça : Bienvenue à Derry,  prend place au début des années 1960, dans une bourgade du Maine dont l’essor tient à la présence d’une importante base aérienne. L’Amérique est en pleine guerre froide et se prépare à l’éventualité d’une Troisième Guerre mondiale, forcément nucléaire. Le point de départ est la disparition de Matty, un adolescent. Les épisodes puisent dans les thèmes chers à l’écrivain et offrent un puissant retour aux sources dans son œuvre, au travers de la mise en abîme du personnage de Pennywise, célèbre clown maléfique. Le téléspectateur est pris au piège de son plaisir à avoir peur. Parfait dosage des « screamers », intrigue et sous-intrigues maîtrisées, image léchée, jeu remarquable. Dans le rôle de Pennywise, Bill Skarsgard, qui l’avait incarné au cinéma. Dans ceux des enfants, une brochette de jeunes acteurs épatants.