Par

Rédaction Clisson

Publié le

20 déc. 2025 à 12h03

Le 21 octobre 2024, Antoine Saintilan, 33 ans, le directeur de l’Ehpad de la Lande Saint-Martin, à Haute-Goulaine, accueillait une nouvelle résidente, Françoise Cabanes, née à Nantes, en 1936. Cette admission faisait suite au décès de son mari, ancien ingénieur pétrolier. A son arrivée dans la structure, Françoise Cabanes a immédiatement réagi en découvrant le pôle d’activités, baptisé « Bélem » (salle où les résidents sont réunis pour participer à des animations et activités). En effet son arrière-grand-père du côté paternel a été le premier capitaine du Belem.

On l’appelait Merle Noir.

Un surnom qu’elle a confié au directeur et à une animatrice.

De fait, Adolphe Lemerle fut le tout premier capitaine du Belem lors de son voyage inaugural en 1896. Son surnom, digne de celui d’un pirate, avait été donné en raison de son caractère rude, de sa discipline stricte et de son autorité sévère.

Mon papa, qui était représentant en confiseries à Nantes, tenait un peu de lui en ce qui concerne la rigueur. Avec ma sœur jumelle, mon frère et ma sœur aînés nous avons été élevés dans le respect et la discipline, mais avec affection. Nous avons été très heureux avec nos parents.

La bientôt nonagénaire.

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Parti de Saint-Nazaire le 31 juillet 1896 à destination de Montevideo, la capitale de l’Uruguay, le célèbre trois-mâts était composé d’un équipage de 14 hommes : le capitaine, un second, un bosco, un cuisinier, 8 matelots (4 bâbordais, 4 tribordais), un mousse et un pilotin (marin expérimenté chargé de guider un bateau dans les ports ou les zones difficiles d’accès). Pour mémoire, le Bélem (nom du port brésilien de Belém, la destination de ses premiers voyages marchands) a été construit aux chantiers Dubigeon à Chantenay-sur-Loire, près de Nantes, et lancé en 1896. L’année suivante, armé par l’armateur nantais Fernand Crouan, il a ramené une cargaison de cacao, de sucre et de café, des produits tropicaux très demandés à l’époque.

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Après sa carrière commerciale, le Bélem a eu plusieurs vies. Racheté par le duc de Westminster en 1914, il a été un yacht de luxe britannique jusqu’en 1951. Puis, il a été revendu à Sir Ernest Guinness, l’héritier de la célèbre brasserie. Jusqu’en 1979, il a été la propriété de la Fondation Giorgio Cini à Venise et utilisé comme navire-école pour la marine marchande italienne, moyennant quelques modifications techniques.

Acquis par la Caisse d’Épargne et rapatrié en France en 1979, il a été restauré à l’identique de son état d’origine. Le Belem est alors devenu un navire-école pour tous, accessible au grand public et aux passionnés de voile. Il a été classé monument historique en 1984. Basé à Nantes, le Belem est géré par la Fondation éponyme qui veille à sa conservation et à sa transmission culturelle. Il navigue régulièrement pour des croisières, des événements maritimes et des missions pédagogiques.

Françoise
La descendante du premier capitaine, avec Aymeric Gibet, l’actuel capitaine du Bélem. ©Hebdo de Sèvre et MaineUne visite à Nantes

Ayant appris sa relâche à Nantes du 21 octobre dernier au 3 novembre, Antoine Saintilan a organisé une belle surprise à l’attention Françoise Cabanes. Il l’a lui-même conduite au port de Nantes pour une visite privée du célèbre trois-mâts par le capitaine Aymeric Gibet en personne. Originaire de Nantes et issu de la marine marchande, il est en fonction à bord du Belem depuis 2016. Il considère le bateau « comme un symbole fort du patrimoine maritime français » et participe activement à sa valorisation lors d’événements comme l’Armada de Rouen ou encore les Jeux olympiques de Paris 2024.

J’ai été très touché par la gentillesse de notre directeur et émue de découvrir, grâce à son capitaine actuel, l’intérieur de ce magnifique bateau que mon bisaïeul a été le premier à commander il y a près de 130 ans.

Françoise Cabanes

Antoine Saintilan avait réservé une autre belle surprise à l’issue de cette visite mémorable. Lorsqu’elle habitait Nantes, Françoise Cabanes allait aux célébrations en la cathédrale de Nantes, sa paroisse, là même où ses parents se sont mariés. Rouverte au public depuis le 27 septembre 2025 à la suite de l’incendie dont elle a été victime en 2020, elle a eu la grande joie d’y être emmenée par le directeur.

Il est adorable. Si je ne lui ai pas fait la bise, le cœur y était.

La résidente ravie de cette sortie avec le directeur

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