Fervent adepte du cyclisme, Luis Enrique n’a pas perdu le cap à la sortie de sa défaite lors du dernier Paris-Nice. « Je ne suis pas du tout inquiet. On a attaqué, pas calculé, et on est tombé contre un gardien qui a fait des arrêts incroyables, détaillait l’Asturien en conférence de presse. Nous sommes la meilleure équipe de France, et de loin, on l’a prouvé. Il faut être courageux désormais et penser à gagner la C1. » Dans la capitale de l’Hexagone, l’ambitions est européenne avant tout. Si le démarrage était diesel en Ligue des champions, Paris a pu compter sur des adversaires de la Petite-Bretagne (coucou, le Stade Brestois 29) et de la Grande-Bretagne pour monter en puissance dans cette compétition. Mieux encore : vaincre quatre membres de la Premier League en une seule saison de Ligue des champions serait un exploit unique en son genre. Alors, à jamais les premiers ?

À Paris, du pétrole et des idées

Entre la France et l’Angleterre, les querelles traversent les âges. Depuis le début de cette année civile, un Crunch à Twickenham ou ce match hors du temps entre Manchester United et l’Olympique lyonnais sont venus rappeler que passer de l’autre côté de la Manche est toujours à nos risques et périls. Dès lors, les performances du PSG d’aller chercher deux qualifications consécutives à Anfield et Villa Park en deviennent d’autant plus remarquables. « En réalité, la nationalité n’a pas d’importance. Que l’équipe soit allemande, espagnole, italienne ou anglaise, le PSG est capable de la mettre en difficulté, tempère Christophe Lollichon, entraîneur des gardiens passé par Chelsea entre 2007 et 2022. Depuis le 1er janvier 2025, c’est une machine de guerre. Nous l’avons bien vu lorsque Liverpool s’est retrouvé contraint de défendre. Les Reds n’avaient pas le choix, il fallait l’accepter. Pour Villa, c’était un peu différent au retour où le plan de jeu était bien défini par Unai Emery. Paris possède les ingrédients pour marcher sur tout le monde, et le mérite en revient à la qualité de cette équipe. »

Si City a connu un aussi grand succès en Angleterre, c’est grâce à son jeu différent des autres équipes qui composent le championnat. Quelque part, le PSG est dans une proximité de philosophie.

Christophe Lollichon

Pour lutter face au gratin de la Premier League en 2025, deux conditions sont cumulatives : l’argent et les idées. Si le premier point n’a jamais été un problème pour Paris depuis l’arrivée de QSI en 2011, la matière grise est venue, ou plutôt revenue, grâce à la méthode Luis Enrique. « La seule équipe qui se rapprochait du PSG en Angleterre, c’était Manchester City, analyse Lollichon, désormais dans le staff de l’USL Dunkerque et qui a donc pu observer cette équipe de près en Coupe de France. Si City a connu un aussi grand succès en Angleterre, c’est grâce à son jeu différent des autres équipes qui composent le championnat. Quelque part, le PSG est dans une proximité de philosophie car le City de la grande époque pressait de partout et finissait par faire exploser l’adversaire. Des équipes en Angleterre ont essayé de contrecarrer le schéma de City, par exemple Brighton sous l’ère De Zerbi. Mais les fondations, ce sont un collectif fort et des individualités au-dessus de la norme. Aujourd’hui, le PSG défend à onze et attaque à onze. Il fallait remonter à l’époque de Laurent Blanc pour retrouver cela. »

 

Outre-Manche, Paris ne connaît plus la crise. Dès lors, son championnat domestique, supposé trop faible pour rivaliser avec les grands d’Europe, passe progressivement d’un inconvénient à un avantage. En Ligue 1, Paris se balade et n’accuse pas le coup physiquement pour dominer les débats. À l’inverse, la Premier League devient énergivore. Il faut batailler chaque week-end pour intégrer le top 8, vaincre les concurrents à l’Europe et ne pas glisser chez les autres. « Quand on voit Tottenham ou Manchester United dans le ventre mou, cela donne une indication sur l’exigence du championnat », considère Lollichon. Alors si le PSG devenait un prétendant à la couronne d’Angleterre, où se situerait-il au classement ? Lollichon : « Je les vois parmi le top 3 mais à mon avis, il faudrait une profondeur de banc plus importante pour remporter le titre. »

Arsenal, les irréductibles anglois

Ce mardi, c’est le dauphin d’Angleterre qui se présente. Le titre, Arsenal a officiellement fait une croix dessus depuis ce week-end mais croit encore pouvoir soulever un trophée majeur. Et il a des arguments pour penser à être le digne représentant de la Perfide Albion face à ces arrogants français. L’histoire déjà : en cinq confrontations, le PSG n’a jamais vaincu les Gunners (3 nuls, 2 victoire), dont un succès en octobre dernier en phase de ligue (2-0), si bien que le club du nord de Londres est l’équipe que Paris a le plus joué en compétition européenne majeure sans jamais connaître la victoire.

Arsenal va aussi étudier Donnarumma. Son apport est intéressant, mais il y a toujours une petite crainte.

Christophe Lollichon

Surtout les hommes d’Arteta ont l’antidote pour éloigner le virus parisien des terres britanniques : la maîtrise des coups de pied arrêtés et le secteur aérien, domaine dans lequel pêchent les Parisiens, et notamment Gianluigi Donnarumma. Héros de l’Italie contre l’Angleterre de Bukayo Saka et Declan Rice lors de la finale de l’Euro 2021 à Wembley, mais surtout énorme avec le PSG à Liverpool comme à Birmingham, le dernier rempart du PSG sera très sollicité sur les bords de la Tamise. « Il a montré contre Liverpool qu’il pouvait être solide dans les airs, admet Lollichon, entraîneur des gardiens à l’USLD. Il faut aussi reconnaître que face à Aston Villa, ses placements m’ont surpris dans le bon sens du terme et j’ai trouvé de la cohérence dans sa prestation. Maintenant, Arsenal va aussi étudier Donnarumma. Son apport est intéressant, mais il y a toujours une petite crainte. Sa lecture de jeu est assez limitée, son appréciation des trajectoires dans la profondeur aussi. Au pied, il se contente de faire des choses simples, mais il a bien raison. »

Reste désormais à savoir si le Paris Saint-Germain est capable de changer le cours de l’histoire face à Arsenal. Au total, Paris compte 35 rencontres face aux clubs anglais en coupe d’Europe pour 11 victoires, 9 nuls et 15 défaites. En se focalisant sur les matchs à élimination directe, les Parisiens cumulent 7 victoires, 4 nuls et 9 défaites en 20 matchs. En termes de qualifications, le PSG est passé cinq fois sur dix face à une équipe anglaise. Voilà pour la statistique rassurante et qui donne justement une raison supplémentaire à l’envahisseur parisien de faire tomber le dernier bastion qui lui résiste.

En direct : Arsenal-PSG (0-0)