Un homme de 41 ans a été hospitalisé dans un état grave, avec un pronostic vital engagé, après une lourde chute en garde à vue. Son avocat et ses proches dénoncent des incohérences.

Que s’est-il passé mercredi soir dernier, au sein de la caserne Auvare à Nice (Alpes-Maritimes) ? Deux jours plus tôt, lundi après-midi, un homme de 41 ans est interpellé à son domicile, où il vit avec sa mère, pour des faits de trafic de stupéfiants, dans le cadre d’une procédure d’instruction ouverte à la JIRS de Marseille. Il est ensuite placé en garde à vue au commissariat ; la journée de mardi passe, puis celle de mercredi, «sans aucune nouvelle» du côté de ses proches et de son avocat. «Jeudi 17 décembre, j’apprends que mon client aurait fait une grave chute dans les escaliers la veille, la tête la première et les mains menottées dans le dos», raconte ce dernier, Me Paul Sollacaro.

«En fin de journée, on apprend que sa garde à vue est levée pour des raisons médicales, et qu’il est hospitalisé à Pasteur 2», explique un membre de sa famille auprès du Figaro. «On décide d’aller lui rendre visite immédiatement. Il était dans un état épouvantable. En parlant avec le médecin, ce dernier nous a dit que son pronostic vital était engagé», confie ce proche, désemparé. «Il souffre de multiples fractures, d’un important traumatisme crânien, de blessures au dos, les vertèbres sont touchées et il a subi une intervention chirurgicale très lourde», liste Me Sollacaro avec gravité.


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Ouverture d’une enquête par la cellule déontologie

Dans la foulée, leur conseil fait un signalement au procureur de la République de Nice, pointant des «incohérences» : ainsi, le quadragénaire n’aurait pas chuté dans les escaliers, mais «de six mètres, du deuxième étage d’un des bâtiments», d’après les éléments rapportés par les médecins. «L’intervention chirurgicale du dos n’a pas eu lieu le mercredi soir comme communiqué, mais bien le samedi», assène Me Sollacaro. «Les informations sont tombées au compte-goutte dans une grande confusion et ce n’est pas normal». La robe noire s’interroge également sur les conditions de détention de son client au sein de «ce commissariat très problématique», et notamment son port de menottes, «sachant qu’il était à l’intérieur du bâtiment et que son audition venait de s’achever».

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Contacté, le procureur Damien Martinelli confirme l’ouverture d’une enquête par la cellule déontologie de la direction interdépartementale de la police nationale des Alpes-Maritimes, pour recherches des causes des blessures. Altercation, action d’un tiers ou tentative de suicide sont autant d’hypothèses à l’étude, selon l’avocat du gardé à vue. Néanmoins, une source policière indique au Figaro que «face aux charges importantes qui pesaient contre lui», l’homme de 41 ans se serait «volontairement jeté dans le vide du haut du premier étage».

Ses proches balayent pour autant toute «tendance suicidaire» chez «ce grand gaillard d’un mètre 80 pour 95 kilos». «On ne comprend pas dans quel contexte c’est arrivé, c’est un gros point d’interrogation», témoigne avec tristesse sa famille. «Évidemment, ce sont des faits sensibles qui lui sont reprochés. Mais l’aspect humain doit prendre le dessus ! Pourquoi avoir attendu presque une journée pour nous prévenir ?» Selon ses proches et son avocat, le pronostic vital du quadragénaire n’est plus engagé mais ce dernier se trouve toujours en service de réanimation.