Elle était attendue. Mais de ce côté-ci de la frontière, elle fait un flop.

Jeudi 11 décembre, Luxembourg-ville accueillait la huitième Conférence Intergouvernementale franco-luxembourgeoise. Cette instance a été créée entre les deux pays, il y a 15 ans, pour répondre aux défis des territoires transfrontaliers.

Et ces défis sont nombreux ! Pour rappel, chaque jour, 30 000 frontaliers de Meurthe-et-Moselle travaillent au Luxembourg, 120 000 Français au total, soit la majorité des travailleurs frontaliers.

Depuis des années, les élus du Nord lorrain appellent à un rééquilibrage financier et économique des territoires. Réuni en session ce jeudi 27 novembre à Nancy, le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle a adopté un rapport en ce sens et demander une compensation financière relative aux frontaliers travaillant au Grand-Duché. Une rétrocession pécuniaire dont ne veut pas entendre parler le Luxembourg.

La Conférence Intergouvernementale de début décembre, à laquelle ont participé Xavier Bettel, ministre des affaires étrangères du Luxembourg, ex-Premier ministre, Benjamin Haddad, ministre français en charge de l’Europe, six ministres luxembourgeois et de douze membres de la délégation française, dont Patrick Weiten, président du Département de la Moselle, et Chaynesse Khirouni, présidente du Département de Meurthe-et-Moselle, s’est tenue dans ce contexte revendicatif tendu.

Au final, la Conférence a débouché sur quelques avancées dans le domaine de la petite enfance et de la santé, mais il n’y a pas eu d’annonces fortes.

« Sans compensation financière, pas de politique crédible »

Pour la « Communauté des Français du Luxembourg », « cette édition était attendue, tant les sujets en suspens restent nombreux et parfois sensibles ».

« La question des compensations financières liées aux flux de frontaliers reste également un point de divergence entre les deux États. Si le dialogue est maintenu, les positions demeurent éloignées et aucun accord concret n’a été acté à ce stade », explique l’association.

De leur côté, les élus de gauche de Meurthe-et-Moselle sont moins mesurés.

« Une fois encore, cette Conférence n’a rien apporté alors que les problématiques et les enjeux sont connus : saturation des mobilités, pression foncière, déséquilibres territoriaux, tensions sur les services publics, dépendance croissante au Luxembourg », expliquent-ils dans un communiqué daté de ce mardi 23 décembre.

Ils ajoutent : « Tout cela est un joyeux immobilisme ! L’heure n’est plus aux constats : parlementaires, régions, départements et communes doivent désormais se mobiliser ensemble pour obtenir cette compensation financière essentielle et porter la stratégie d’aménagement dont dépend l’avenir du Nord lorrain. Soyons clairs : sans compensation financière, il n’y aura ni politique transfrontalière crédible, ni aménagement cohérent. Tout le reste n’est qu’affichage. Nos territoires méritent mieux qu’une coopération symbolique. Ils méritent des moyens réels et des décisions fortes. »

Nous avons sollicité un entretien auprès du Premier ministre luxembourgeois, Luc Frieden , sur le sujet. Demande restée sans réponse à cette heure.