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La forte hausse de la population de loups en Finlande s’accompagne d’une multiplication des attaques contre les rennes. Les éleveurs estiment que la guerre en Ukraine a indirectement favorisé l’arrivée de prédateurs venus de Russie.
Les rennes sont-ils menacés par la guerre en Ukraine ? En Finlande, l’augmentation soudaine du nombre de loups inquiète les éleveurs de rennes. Selon eux, ces prédateurs seraient arrivés en masse de Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, rapporte le média finlandais Yle.
Le pays compte plus de 6 000 propriétaires de rennes, dont 5 600 éleveurs reconnus. Ces animaux sont élevés pour leur viande, parfois pour leur lait, et constituent aujourd’hui un symbole touristique fort, notamment durant la période de Noël. Au total, en Finlande, il existe plus de 200 000 rennes autorisés à circuler librement sur près d’un tiers du territoire national.
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La population de loups a augmenté de 46 %
Ours, lynx, loups… Ces animaux ont toujours fait partie de l’écosystème, mais les éleveurs constatent une recrudescence brutale des attaques. « C’est vraiment triste. L’équilibre n’est pas bon. Les loups sont si nombreux qu’ils menacent tout le système ici », confie à CNN l’éleveur Juha Kujala, installé à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe. « Ils ne font que tuer, tuer, tuer. La situation empire depuis la guerre en Ukraine », explique-t-il.
L’Institut finlandais des ressources naturelles (Luke) estime que la population de loups est passée de 295 individus au printemps 2024 à environ 430 en mars dernier, soit une hausse de 46 % en un an. Le nombre de territoires occupés par des loups a également augmenté, passant de 62 à 76, dont 57 meutes familiales.
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Les loups seraient moins chassés à cause de la guerre
Plus surprenant encore, les analyses ADN menées à partir d’échantillons d’excréments et d’urine révèlent l’apparition de marqueurs génétiques inconnus. Ces loups ne correspondent pas aux lignées déjà recensées en Finlande. Pour les chercheurs comme pour les éleveurs, l’hypothèse la plus probable est celle d’une migration accrue depuis la Russie, à travers une frontière longue de 1 340 kilomètres.
Selon plusieurs spécialistes, la guerre en Ukraine pourrait indirectement jouer un rôle. « La chasse au loup a fortement diminué du côté russe depuis le début du conflit », explique Katja Holmala, chercheuse spécialisée dans les populations de loups, à CNN. Avant la guerre, cette chasse était intensive et encouragée par des primes financières. La mobilisation de nombreux chasseurs et travailleurs ruraux vers le front aurait laissé les prédateurs se multiplier.
En 2025, 1 950 rennes ont été tués par des loups en Finlande, soit une augmentation de 70 % en un an. Face à la pression des éleveurs, le gouvernement finlandais a présenté un projet de loi autorisant la chasse au loup, malgré le statut d’espèce protégée dont bénéficie encore le prédateur dans le pays.