Mounira pousse la porte du Secours Pop’ en 2022. « Je suis venue acheter des vêtements et des objets de déco pour meubler mon logement, les prix sont symboliques. » Elle vient de quitter Martigues pour Marseille et n’a pas de famille. À ce moment-là, Mounira n’a plus d’emploi et attend un bébé toute seule. « Je travaillais dans la sécurité mais j’ai dû arrêter avec ma grossesse. Quand mon fils est né, je n’ai pas repris. Ce n’est pas un milieu compatible avec un enfant mais je cherchais un endroit pour m’occuper. »

La jeune femme, originaire d’Algérie, s’inscrit comme bénévole : distribution alimentaire, organisation du rayon de seconde main, braderie de jouets. Elle y passe presque toutes ses journées : « Il y a toujours du travail ». Au siège de la Fédération des Bouches-du-Rhône, dans le quartier du Canet (14e), la maman solo de 39 ans vient à pied (« J’habite le coin »). Au sous-sol, le stock de la solidarité de tout un département. Mounira a trouvé sa place. « Il y a une bonne ambiance, je me suis fait des amies. Au Secours, je fais autant de bien aux autres que ce qu’ils m’en font. C’est thérapeutique, dit-elle. Lorsqu’un bénéficiaire part avec le sourire, je me sens revigorée et utile. »

Un espace d’entraide inconditionnel et d’émancipation

Au sein de l’association, les personnes accompagnées comme celles qui accompagnent trouvent de la chaleur. « C’est une maison de grand-mère », résume Mounira en rangeant des chaussures sur une étagère. Plus qu’un espace d’entraide inconditionnel, de réconfort, de convivialité, c’est un lieu d’émancipation. Au Secours Populaire, la bénévole a les yeux pétillants et la force de regarder devant. « J’ai validé mon diplôme d’aide-soignante », annonce-t-elle fièrement.

En trois ans, Mounira s’est dépassée pour sortir de l’isolement, se recréer un cercle social et se projeter (« C’est un tremplin »). Pour une reconversion réussie, il lui manque le renouvellement de son titre de séjour pour dix ans. « Quand j’aurai un travail, je resterai bénévole. Le bien que je fais me revient. »

En attendant, cette fin d’année est difficile. Parfois, elle prend un petit colis composé de pâtes, de riz, de conserves et de lait (« Ce n’est pas grand-chose mais c’est mieux que rien. Je ne m’accorde aucun plaisir »). La plupart des mois, elle le laisse aux plus démunis. Pendant les fêtes de Noël, Mounira ne fait pas d’exception. Elle continue de donner son temps sans compter. « Depuis le Covid, la précarité a explosé, observe-t-elle. On voit tous les profils, tous les âges. La vie peut basculer du jour au lendemain. »

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