Au 88 du boulevard de la Méditerranée, l’antenne des Restos du cœur du 15e arrondissement de Marseille, Rabeb (tout le monde l’appelle Biba) a trouvé « une deuxième maison ». « On accepte tous ceux dans le besoin. Il n’y a ni couleur de peau, religion ou politique qui compte, l’accueil est inconditionnel », insiste la responsable. Comme elle, plus de 600 familles reçoivent une aide alimentaire du centre et 726 enfants de moins de dix ans un cadeau pour Noël.

Biba, 39 ans, est arrivée en France depuis l’Algérie en février 2017. « J’ai une licence de droit mais c’est difficile là-bas, confie-t-elle. Avec mon mari, nous sommes venus pour le travail, l’école et la santé. Et puis, la devise : liberté, égalité, fraternité. » Sept mois plus tard, la maman au foyer de trois enfants, dont deux sont nés ici (14 et 9 ans et un de 22 mois), s’est présentée à l’asso qui lutte contre la pauvreté et l’exclusion pour donner un coup de main.

« Grâce aux Restos, je parle français et je suis intégrée »

« Je tournais en rond à la maison, j’ai voulu me rendre utile, explique-t-elle. Je laisse mes problèmes à la porte et je suis toujours souriante et spontanée. Grâce aux Restos, je parle français et je suis intégrée. Je n’hésite plus, je m’exprime. Avant, je prenais tout le temps ma fille avec moi, maintenant, je fais les démarches seule. » Mieux, depuis le Covid, Rabeb a suivi plusieurs formations avec la Caf et la CPAM (droits des étrangers, droit d’asile, retraite…) et c’est elle qui monte les dossiers administratifs des autres.

En huit ans, la situation financière de son foyer ne s’est pas vraiment arrangée (son mari a un emploi de livreur précaire). Rabeb a aussi besoin de soutien. Parmi les 33 bénévoles de l’antenne Méditerranée, 80% sont accompagnés. Alors, elle prend un colis de denrées par semaine et des produits pour bébé. « Sans les Restos, je ne pourrais pas acheter le lait ni les couches de mon fils, avoue-t-elle sans se décourager. Je suis reconnaissante de l’aide qu’on m’apporte et je la rends. S’il n’y avait pas les Restos, je serais en dépression. Mais quand je vois le sourire des bénéficiaires, mes soucis disparaissent. »

En attendant que sa situation familiale se stabilise, Biba agit sans relâche auprès des démunis. À Noël ou au Jour de l’an, elle sera là. « Je me rends compte qu’il y a pire que nous. Ici, j’ai trouvé mon bonheur. Nous sommes plus qu’une équipe, on forme une famille. Sans tous les maillons, on ne pourrait pas avancer. Je réalise que je suis une femme forte, capable. Merci Coluche ! »

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