l’essentiel
La grippe sévit à Toulouse, exacerbée par le variant « K » très contagieux. Les pharmacies de la Ville rose peinent parfois à répondre à la demande de vaccins et redoutent une accélération de l’épidémie avec les fêtes de fin d’année.

« Vous pourrez venir 15 minutes avant, au cas où quelqu’un se désiste… Parce que certains s’imaginent que nous fonctionnons en libre-service ici. » Cette exaspération est celle d’une pharmacienne de la périphérie toulousaine. Elle traduit autant le manque de considération de certaines personnes qui n’honorent pas leur rendez-vous, que l’attente et la patience dont il faut faire preuve pour se faire vacciner contre le virus de la grippe.

À lire aussi :
Grippe : le pic de l’épidémie devrait arriver pour Noël, il est encore temps de se faire vacciner

En cette période des fêtes de fin d’année, les consultations de dernière minute s’apparentent désormais à une denrée rare, les files d’attente s’allongent devant SOS Médecins et les vaccinations s’enchaînent dans les pharmacies toulousaines. À tel point que certaines d’entre elles se retrouvent parfois les mains vides. « C’était notre cas il y a 15 jours, on était en pénurie, témoigne Valentine, pharmacienne dans le quartier des Arènes. Il y a de plus en plus de cas diagnostiqués, donc les gens s’affolent et veulent se faire vacciner avant les fêtes. »

À lire aussi :
Face aux virus de l’hiver, le CHU de Toulouse impose à nouveau le port du masque sur tous ses sites hospitaliers

« Il est cloué au lit »

Dans une pharmacie du centre-ville toulousain, beaucoup de personnes se pressent. Les masques ne sont pas forcément de rigueur – comme si les mots « gestes barrières » avaient traumatisé toute une population et évoquaient des souvenirs trop douloureux – les toux sont grasses et les malades nombreux. Comme Julien, dont la petite amie est venue chercher des médicaments. « Il est cloué au lit depuis deux jours et ne peut pas bouger, donc c’est moi qui m’y colle. » Ici, impossible de se faire vacciner. « Aujourd’hui, nous n’avons plus de vaccins en stock, on a utilisé les derniers au début de la semaine », témoigne Emeline, la responsable.

À lire aussi :
ENTRETIEN. Grippe : nouveau variant, échappement immunitaire… pourquoi l’épidémie s’annonce sévère cette année

La grippe fait donc des ravages en Occitanie. En cause, notamment, le nouveau variant « K », particulièrement agressif et contagieux. Mathias ne sait pas si ce dernier l’a infecté, mais ce jeune professeur est bel et bien malade. « C’est vraiment pénible pour ne pas dire un autre mot, d’autant plus que je crois savoir comment je l’ai attrapé. En plus je ne suis pas vacciné car je suis bête. Je suis très fatigué (il tousse). Ma première semaine de vacances est morte, Noël aussi », nous confiait-t-il mardi en sortant d’un rendez-vous chez SOS Médecins.

À lire aussi :
Grippe saisonnière : est-ce trop tard pour se faire vacciner contre le virus ?

Prise de conscience

Lorsque l’on entre dans la salle d’attente, peu de patients mais un médecin qui paraît très pressé. Il consulte son téléphone où s’égrène une liste de consultations interminable. « On est débordé en ce moment, notamment par la grippe, ça n’arrête pas », lâche-t-il, avant d’appeler un homme qui vient d’arriver et d’enchaîner sur une nouvelle consultation. L’objectif : pouvoir soigner et conseiller un maximum de personnes avant les rassemblements familiaux.

À lire aussi :
Grippe saisonnière : toux, fièvre… le froid aggrave-t-il la maladie et ses symptômes ?

Ces regroupements inquiètent les autorités sanitaires puisqu’ils pourraient souffler sur les braises d’une épidémie déjà bien entamée et accélérer le pic de contamination attendu dans les prochains jours. « Beaucoup de personnes ont voulu se faire vacciner pour les fêtes, mais la période d’incubation est de 15 jours, ajoute Emeline. Il leur a été précisé que le processus immunitaire différait de leurs attentes, mais que c’était bien d’avoir eu le réflexe de venir se faire vacciner. » Mieux vaut tard que jamais car la grippe devrait continuer de frapper après le 1er janvier.